Santé publique France (SPF) a publié à l’automne, une synthèse inédite sur l’exposition aux écrans des enfants de 3 à 11 ans scolarisés en maternelle et en classe élémentaire dans l’Hexagone. Cette publication s’appuie sur les données de l’enquête Enabee (Étude nationale sur le bien-être des enfants)*. Elle « permet de dresser pour la première fois un état des lieux représentatif de l’exposition aux écrans des enfants sur leur temps de loisirs », note l’agence nationale de santé publique sous tutelle du ministère chargé de la Santé.
La télévision, l’écran principal en 2022
En 2022, révèle SPF, la quasi-totalité des enfants de 3-11 ans passe régulièrement du temps devant les écrans, principalement la télévision. Un temps d’écran qui augmente avec l’âge, passant de 1 heure 22 minutes quotidienne en moyenne chez les enfants de 3-5 ans à 2 heures et 33 minutes, chez ceux de 9-11 ans. À noter que cette exposition à un écran devenait deux fois plus importante les jours sans école en comparaison aux jours d’école.
Dans le même temps, souligne l’étude, « la présence d’un écran dans la chambre devenait plus fréquente avec l’âge ». Avec, en premier lieu, le poste de télévision, suivi par les consoles de jeu et les tablettes.
Quant à la possession d’un smartphone personnel, en 2022, celle-ci restait rare avant 6 ans. Pour autant, 15 % des enfants de cet âge disposaient déjà d’une tablette. Près d’un enfant sur deux de 11 ans (scolarisé en élémentaire) possédait un smartphone avant l’entrée au collège.
Des pratiques évolutives
Par ailleurs, les pratiques ont évolué selon l’âge et le sexe, souligne Santé Publique France. En effet, si la télévision restait l’écran le plus présent dans le quotidien des enfants jusqu’à la fin de l’école élémentaire, les usages avaient ensuite tendance à se diversifier : « les garçons préféraient les consoles de jeux, tandis que les filles investissaient davantage le smartphone à partir de 9 ans. L’accès aux réseaux sociaux concernait moins de 2 % des 3-5 ans, mais atteignait 25 % des 9-11 ans (30 % chez les filles) », détaille l’Agence de santé publique.
Pour rappel, en France, l’âge minimum pour s’inscrire sur les réseaux sociaux est de 13 ans. Il n’empêche, selon les conclusions de Santé publique France, « près de 2,4 % des enfants de 6-8 ans et environ 5 % des 9-11 ans ayant accès aux réseaux sociaux, y auraient subi des moqueries ou des humiliations ».
Le rôle déterminant des parents
À l’arrivée, et sans véritable surprise, les résultats présentés par l’enquête mettent en évidence « le rôle déterminant assuré par les parents dans l’exposition des enfants aux écrans ». En outre, ils révèlent de fortes disparités sociales. Ainsi, en 2022, « les enfants issus de familles les moins diplômées passaient davantage de temps devant les écrans et étaient plus souvent équipés d’appareils personnels ou disposaient d’un écran dans leur chambre » : chez les 3-5 ans, 72 % dépassaient 1 heure en moyenne d'écran quotidien dans les familles les moins diplômées contre 35 % dans les familles les plus diplômées. Chez les 6-8 ans, 55 % dépassaient 2 heures d’écran quotidiennes en moyenne dans les familles les moins diplômées (contre 20 % dans les autres). Pour les 9-11 ans, ces proportions de plus de 2 heures d’écran quotidiennes étaient de 73 % et 39 %.