La violence a pris ces dernières années une proportion inquiétante. Certaines professions, portant au service des autres, sont particulièrement exposées comme les maires et les pompiers. Les médecins et les personnes qu’ils emploient n’échappent pas à la règle.
Encore au mois d’août, un médecin de SOS Médecins Mulhouse a été agressé lors d’une visite à domicile par le compagnon d’une patiente, armé d’un fusil à pompe, tirant des billes. Ce dernier lui reprochait d’avoir mis trop de temps à arriver. Autre exemple à Biarritz où un infirmier de la clinique Aguilera a reçu des coups de membres du club de rugby de l’Aviron Bayonnais. Le personnel de cet établissement s’est ensuite mis ponctuellement en grève, soutenu par leurs collègues d’autres services et les syndicats.
Une violence qui ne baisse pas
En 2021, les médecins ont déclaré 1009 incidents, contre une moyenne de 820 cas déclarés depuis 2003.
- Les médecins généralistes, qui ne représentent que 43 % du corps médical, concentrent 61 % des faits rapportés.
- 39 % des victimes sont des médecins d’une autre spécialité. Les plus touchés sont les cardiologues, les psychiatres et les ophtalmologues.
Néanmoins, dans 18 % des cas, ce sont les collaborateurs du professionnel de santé, notamment ceux à l’accueil, qui sont « en première ligne », qui sont attaqués.
Ce phénomène n’épargne aucune zone. Plus de la moitié des plaintes concernent une activité en centre-ville et 22 % en banlieue. Le milieu rural est aussi touché, avec 21 % des plaintes, ce qui marque une nette dégradation depuis 10 ans (14 % en 2012).
Trois départements figurent tristement en tête du classement : le Nord, les Bouches-du-Rhône et la Loire.
Dans l’ensemble des incidents subis en 2021,
- Les violences verbales et les menaces représentent 70 % des cas rapportés contre 43 % en 2003, y compris le harcèlement par téléphone et par Internet.
- Les vols et tentatives de vols ne représentent plus que 10 % des incidents, contre 27 % en 2003
- Le solde provient des agressions physiques (86 cas en 2021) et du vandalisme.
Dans 6 % des cas, le recours à la violence a même occasionné une interruption du travail.
Les causes récurrentes de cette violence
L’Observatoire de la sécurité des médecins souligne que la violence provient 7 fois sur 10 de 4 cas de figure :
- Un reproche relatif à une prise en charge (37 % des cas)
- Un refus de prescription (médicament, arrêt de travail...) (17 % des cas)
- Une falsification de document (11 % des cas)
- Un temps d'attente jugé excessif (8 % des cas)
Le refus de respect des règles sanitaires (masques, nombre de personnes) ou encore l’opposition aux vaccins restent moins significatifs.
Vous disposez d'un soutien juridique
Seuls 32 % des incidents ont donné lieu à une plainte en bonne et due forme, d’autres médecins préférant se contenter d’une main courante (10 %) ou ne rien faire (58 %), une tendance à l’inaction qui a augmenté depuis 2017.
Dans le détail, les vols font l’objet d’une plainte dans 70 % des cas, et les agressions physiques le sont également à hauteur de 58 %. Les médecins semblent préférer passer l’éponge sur les menaces et les injures verbales.
Les conseils départementaux de l’Ordre déploient des commissions « vigilance-violence-sécurité », qui peuvent aider les victimes et les accompagner dans leurs démarches judiciaires.
Le conseil national de l’Ordre encourage les médecins à déclarer les violences qu’ils ont subies auprès de leur conseil départemental. Les médecins hospitaliers y ont aussi accès, même s’ils sont encore peu à le faire. Le dispositif de déclaration a par ailleurs été étendu aux internes depuis 2019.
Même son de cloche du côté du ministre de la Santé, François Braun, qui estime qu’il faut porter plainte. Il invite même les directions des hôpitaux à soutenir les personnels soignants dans cette démarche.
Toute cette collecte de données vise à mieux connaître l’étendue et la nature des actes violents commis par les patients, d’en analyser l’origine et de voir comment y apporter des réponses avec les pouvoirs publics.
Bon à savoir : cette déclaration peut être effectuée en ligne. |