Une personne sur 12, entre 65 et 74 ans, vit avec trois pathologies chroniques. Et, ce chiffre grimpe même à une personne sur 5 après 75 ans.
Dans le détail, 5 molécules sont délivrées au moins 3 fois par an à la moitié des personnes de plus de 65 ans et plus de 10 à un quart des plus de 75 ans.
Ce n’est pas sans conséquences :
- 8,5% des hospitalisations sont liées aux effets indésirables des médicaments, soit plus de 200.000 hospitalisations.
- 10,6% des hospitalisations chez les plus de 65 ans sont imputables à un effet indésirable médicamenteux (6,6% avant 64 ans).
- On estime que le recours aux médicaments serait à l’origine de 10.000 morts par an.
Face à ce constat, il faut savoir que pour chaque nouvelle spécialité ajoutée à une prescription, la probabilité de souffrir d'un effet indésirable lié au médicament augmente de 12 à 28 %. Ce qui peut entraîner des risques de chutes et de blessures accrues, voire une perte d’autonomie.
Le Leem précise en outre que, chez les plus de 65 ans, certains organes, comme le foie ou les reins, assurent moins bien leurs fonctions et éliminent plus difficilement les médicaments. La masse graisseuse, dans laquelle certains médicaments ont tendance à s’accumuler, va augmenter.
Des parades existent
Certains outils peuvent aider les professionnels de santé à éviter ces risques.
Le site de l’Association Bon usage du médicament (ABUM) est à la disposition des prescripteurs et des pharmaciens.
Et, le dossier pharmaceutique (DP), mis en place par l’Ordre National des Pharmaciens, vise à favoriser la coordination, la qualité, la continuité des soins et la sécurité de la dispensation des médicaments. Plus de 40 millions de comptes sont déjà ouverts. A terme, le DP devra alimenter Mon espace santé.
Mais, le sujet est global. Le Leem rappelle que la sobriété médicamenteuse est l’affaire de tous, industriels, professionnels de santé, patients et aidants.
Voici quelques-unes de ses recommandations :
Le patient doit :
- Informer son médecin de tous ses traitements, de ses allergies
- Respecter la durée et la posologie de son traitement
- Ne pas modifier son traitement sans en avertir son médecin
- Lire la notice
Le professionnel de santé doit :
- Prendre le temps de vérifier les traitements en cours, les allergies
- Prescrire à bon escient en respectant les recommandations des autorités
- Résister si besoin au patient qui réclame un médicament
- Expliquer et conseiller lorsque l’état du patient ne nécessite pas de médicament.
Concernant les autres acteurs, d’autres bonnes pratiques sont aussi citées, comme l’établissement de notices et de packaging les plus clairs possibles pour éviter un mésusage.
Et, du côté des autorités, comparer les habitudes de prescriptions des pays européens peut permettre de détecter les classes thérapeutiques trop prescrites en France.
Le plan d’action du Leem
Le Leem a défini 4 axes dans sa campagne de sensibilisation :
- Alerter les médecins de ces risques via des newsletters numériques et la visite médicale.
- Mise en place de formations en ligne à destination des médecins. Elles seront proposées à partir du mois de septembre 2024 à 125.000 médecins.
- Déploiement d’un dispositif d’accompagnement de la prescription chez les personnes de plus de 65 ans dans des logiciels d’aide à la prescription (LAP) de 22.000 médecins généralistes.
- Lancement d’une campagne de communication à destination du grand public. Avec comme accroche « Réduisons de volume ». Un spot TV de 14 secondes et une campagne presse seront déployés au mois de juin avant une campagne d’affichage à Paris en septembre.
Le spot TV incite clairement les patients qui prennent plus de 5 médicaments à interroger leur médecin ou leur pharmacien pour savoir s’ils peuvent en prendre moins. Il n’est donc pas question qu’un patient arrête de lui-même un traitement sans avis médical.
Le Leem avait déjà mené en 2015 et 2016 un programme baptisé « Lutte contre la iatrogénie médicamenteuse chez le sujet âgé ». Sur cette base, il estime que sa nouvelle campagne pourrait générer 300 millions d’euros d’économies à l’Assurance Maladie en année pleine. Et, d’ajouter que la juste utilisation des médicaments est aussi bonne pour la planète.
Pour aller plus loin :