Si l’espérance de vie des femmes dépasse celle des hommes, ces dernières ont une qualité de vie moins bonne. Cela tient à une meilleure attention accordée aux hommes au niveau de la recherche médicale et des traitements.
C’est ce qui ressort d’un rapport du McKinsey Health Institute présenté à Davos en janvier.
Une meilleure prise en charge de la santé des femmes, notamment pendant leur vie active, pourrait avoir un impact sur l’économie mondiale de 925 milliards d’euros en 2040, soit un peu moins que le PIB des Pays-Bas.
McKinsey s’est notamment appuyé sur de nombreuses publications pour parvenir à ses conclusions.
Quelques exemples :
- Remédier aux inégalités liées à l’endométriose et à la ménopause, qui sont restées longtemps dans un angle mort au niveau de la recherche, permettrait de contribuer au PIB mondial à hauteur de 120 milliards d’euros d’ici 2040.
- Trois fois plus de garçons que de filles sont diagnostiqués comme autistes, ces dernières l’étant souvent avec retard, ou pas du tout, d’où des problèmes de santé mentale à l’âge adulte.
- En 2015, il y avait 5 fois plus d’études sur les troubles érectiles, qui touchent 19% des hommes, que pour le syndrome prémenstruel, qui concerne 9 femmes sur 10.
- Plus globalement, des études ont aussi mis en lumière que les femmes sont diagnostiquées plus tardivement que les hommes pour 700 maladies différentes.
Le retard est considérable : en 2020, seulement 1 % de la recherche et de l’innovation en matière de soins de santé a été investi dans des pathologies spécifiques aux femmes au-delà de l’oncologie.
Le cas de la crise cardiaque
Une étude publiée dans The Lancet Regional Health – Europe a révélé :
- Que les femmes étaient plus susceptibles de mourir après avoir été admises à l’hôpital à la suite d’une grave crise cardiaque,
- et qu’on leur prescrivait également moins des médicaments pour prévenir de futures crises cardiaques, comme des statines.
De même, des recherches antérieures ont montré que la probabilité de recevoir un diagnostic incorrect à la suite d'une crise cardiaque était 50 % plus élevée que pour les hommes.
Pour Anouk Petersen, co-auteure du rapport : « Les femmes ont été traitées par les communautés scientifiques et médicales comme s'il s'agissait de petits hommes, alors que notre biologie tout entière est différente… Nous devons faire évoluer notre compréhension de la santé des femmes pour considérer la personne dans son ensemble d'une manière beaucoup plus spécifique ».
Une cause rentable
Selon le McKinsey Health Institute, la santé des femmes doit donc bien figurer en tête de liste des préoccupations des décideurs, non seulement pour leur qualité de vie, mais par ce qu’il s’agit d’un investissement qui produit des effets positifs très rapides.
En effet, chaque dollar investi dans la santé des femmes aurait un impact bénéfique à hauteur de trois dollars, en termes de retombées économiques. Cet effet de levier s’explique notamment du fait du retour de femmes malades sur le marché du travail.
Lors du Forum, l'Alliance mondiale pour la santé des femmes a aussi été lancée. L’Alliance est co-présidée par Trindade Lima, ministre de la Santé du Brésil et Anita Zaidi, présidente de la division Egalité des genres, à la Fondation Bill & Melinda Gates.
Pour cette dernière : « Les disparités auxquelles les femmes sont confrontées en matière d’accès et de réception de soins de santé de qualité ne sont pas seulement inéquitables : elles sont injustes. Investir dans la santé des femmes ne donne pas seulement de meilleurs résultats pour les femmes, mais constitue également un investissement direct dans les familles, les communautés, les sociétés et les économies ».
Pour aller plus loin :
FemTech est une association née en 2022 qui aide à la création et au déploiement de projets innovants dans le domaine de la santé des femmes. Elle crée des synergies entre les différents acteurs de l’écosystème, dont les professionnels de santé, les laboratoires de recherche et les structures de soins.
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