De quoi parle-t-on ?
Selon l’OMS, la mésinformation correspond à la diffusion d’informations inexactes, sans volonté délibérée de tromper. Elle peut résulter d’une mauvaise compréhension ou d’une erreur de transmission.
La désinformation, en revanche, est délibérément conçue pour induire en erreur et nuire. Ses motivations peuvent être économiques, idéologiques, politiques ou religieuses.
Par ailleurs, les fake news, ou infox, englobent l’ensemble de ces fausses informations diffusées, souvent sous une forme destinée à apparaitre crédible, notamment via les réseaux sociaux. Près d’un Français sur deux (47 %) dit y avoir été exposé dans le domaine de la santé.
Une ampleur croissante
Lors d’un colloque organisé au ministère de la Santé, Yannick Neuder a affirmé déclarer la guerre contre la désinformation.
Il a rappelé que celle-ci pouvait entraîner des conséquences dramatiques : des patients atteints de cancer abandonnent parfois purement et simplement leur traitement au profit de méthodes alternatives sans fondement scientifique.
Dans un contexte marqué par la montée du complotisme et des dérives sectaires, la lutte contre la désinformation devient une priorité stratégique pour l’État.
Le ministre dit faire face à une recrudescence de discours pseudoscientifiques, aggravée par la pandémie de Covid-19 et relayée récemment aux États-Unis par Robert Kennedy Jr.
Une stratégie en plusieurs axes
Parmi les mesures proposées :
- Création d’un observatoire national pour surveiller la désinformation en santé.
- Mise en place d’un programme d’éducation critique pour renforcer l’esprit scientifique dès l’école.
- Implication accrue des plateformes numériques, parfois critiquées pour avoir réduit leurs efforts de modération à peau de chagrin.
- d’un label de fiabilité médicale, pour identifier les sources d’information dignes de confiance.
Le ministre a également appelé à la vigilance sur les pratiques de soins non conventionnelles, rappelant la nécessité d’adopter une approche rationnelle dans tous les secteurs de la santé.
Certaines voix en demandent plus
Certains professionnels veulent aller plus loin.
Pour les Pr Mathieu Molimard, Bernard Bégaud, Dominique Costagliola et Dr Hervé Maisonneuve qui ont signé une tribune dans le Point, il aurait fallu depuis longtemps mettre en place un portail public unique, fiable et accessible pour centraliser l'information en santé.
Si le site santé.fr a été lancé dans cette optique, il resterait largement insuffisant face aux défis actuels.
La crise du Covid-19 a révélé selon eux les faiblesses du système : une information fragmentée, mal coordonnée, difficilement accessible, qui laisse le public et les professionnels démunis face aux infox et à la désinformation, devenue aujourd’hui structurée, idéologique et virale.
Face à cette situation, la labellisation des sites fiables, récemment évoquée par le ministre de la Santé, resterait limitée car elle ne garantirait pas selon eux la qualité des contenus.
Souhait d’un portail intégré d'information en santé
Il est désormais nécessaire selon eux de créer un portail numérique intelligent capable d’agréger, contextualiser et rendre compréhensible l’information médicale, avec l’aide de l’IA.
Ce portail devrait :
- Reposer sur des principes de transparence, impartialité et rigueur ;
- Être encadré par un comité éditorial pluraliste et un conseil scientifique indépendant ;
- S’appuyer sur l’ensemble des acteurs de l’écosystème français de l’information en santé (universités, experts, journalistes spécialisés, associations…).
Adossé à une plateforme d’éducation et de formation à destination du grand public et des professionnels, ce portail renforcerait le niveau d’éducation en santé, la démocratie sanitaire et la résilience collective face aux prochaines crises.
Pour aller plus loin
« Plaidoyer pour une information santé fiable et accessible » Le Point
- Pr Mathieu Molimard, président honoraire du Collège national de pharmacologie médicale, chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux
- Pr Bernard Bégaud, président honoraire de l'université de Bordeaux
- Dominique Costagliola, membre de l'Académie des sciences, directrice de recherche émérite à l'Inserm
- Dr Hervé Maisonneuve, médecin de santé publique, ancien président de l'Association européenne des rédacteurs scientifiques
Rapport de la Miviludes
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