Je me suis rendu en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Belgique et en Grèce où j’ai rencontré des parlementaires et les présidents de conseil de l’Ordre. Nous avons tous le même problème, le manque de médecins. L’Angleterre a décidé de former ses médecins à l’étranger, notamment en Malaisie et en Inde. La fac de médecine anglaise s’implante dans le pays, y forme des médecins sur place, dont la moitié viendront ensuite s’installer en Angleterre. L’Allemagne procède de la même manière avec les pays de l’Est. Quant au tarif de la consultation de médecine générale, il s’établit en moyenne à 50 euros. L’autre tendance constante est que tous les médecins se tournent vers le secteur privé pour avoir une rémunération supérieure à celle du public, ou à tout le moins, optent pour un exercice mixte public-privé.
Pourquoi pas, mais pour l’instant ce n’a pas été fait. Il n’y a aucune fac de médecine française qui se soit exportée pour former des étudiants en médecine et les ramener sur notre territoire. La seule chose qui s’en rapproche, c’est ce qu’a monté le maire d’Orléans avec la faculté de médecine de Zagreb, qui forme, à Orléans, des étudiants français. Mais c’est payant. Le coût est de l’ordre de 6 000 à 8 000 euros par an. La mairie prend en charge une partie des frais de scolarité. En contrepartie, une fois diplômés, les médecins s’engagent à rester plusieurs années sur le territoire. De facto, notre système de santé a validé le fait qu’un autre pays européen vienne former de jeunes Français en médecine et ça c’est un constat d’échec de nos politiques ministérielles.
Avec le numerus apertus, on a laissé la possibilité aux facultés de décider elles-mêmes du nombre d’étudiants qu’elles pouvaient former. Mais le problème, c’est qu’avec 30% de praticiens hospitaliers en moins, on n’a pas la possibilité de former les externes et les internes parce qu’il n’y a pas suffisamment de formateurs. Un numerus apertus qu’on ne peut pas ouvrir par manque de moyens dans les hôpitaux ne sert pas vraiment à grand-chose. On n’aura pas plus de médecins dans les années qui vont venir. A moins de développer davantage de partenariats entre l’hôpital public et le secteur privé. Il faut cesser d’opposer les uns aux autres.
Les études d’opinion montrent que la santé et l’accès aux soins font partie des premières préoccupations des citoyens européens. Et pourtant, pour ne citer que cet exemple, le calendrier vaccinal des enfants n’est pas le même dans les pays de l’Union. C’est ahurissant. L’Europe ne jouera un rôle que si elle le désire. Mais au-delà de la pénurie médicale, c’est la pénurie médicamenteuse qui m’inquiète. Aujourd’hui notre dépendance médicamenteuse à l’égard de l’Inde et de la Chine est immense. Si ces deux pays décident, demain, de couper leur approvisionnement ou d’augmenter fortement leurs prix, c’est la catastrophe. Il faut qu‘au niveau de chaque pays de l’Union, on reprenne la production de médicaments vitaux. On ne peut pas laisser ce pouvoir à d’autres.
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