Alors que depuis la fin-mars, les chirurgiens-dentistes peuvent administrer et prescrire les vaccins anti-covid, le président de l’institution ordinale dresse un premier bilan des conséquences de l’épidémie pour le secteur de la chirurgie dentaire.
Pendant le premier confinement, l’Ordre a lancé un appel historique à la mi-mars 2020. J’ai demandé solennellement à l’ensemble des cabinets dentaires des territoires français de fermer. Pour une seule raison : l’épidémie en France se développait rapidement et les cabinets dentaires, à l’époque, n’avaient pas de moyens de protection. Cet appel a été entendu et les cabinets ont fermé en masse. Parallèlement, nous avons mis en place en 48h, par le biais des conseils de l’Ordre régionaux et départementaux, un système de permanence des soins pour gérer les urgences dentaires. Dans la foulée, nous avons créé un n° vert national pour que les patients puissent accéder plus aisément à ce service et ainsi continuer à recevoir des soins courants.
Aujourd’hui, les chiffres sont bons. Nous avions repris l’exercice la deuxième semaine du mois de mai 2020 avec une grosse angoisse en matière de protection. Mais il faut reconnaître que le ministère a joué son rôle en mettant à disposition une dotation de masques FFP2 que les chirurgiens-dentistes allaient retirer dans la pharmacie la plus proche. De notre côté, nous nous sommes organisés pour pouvoir donner un kit de protection à chaque chirurgien-dentiste. Ensuite, à partir du moment où nos fournisseurs habituels ont pu se réapprovisionner, la profession a pu se fournir elle-même.
Oui, cette période de pandémie si particulière a aussi généré un grand élan de solidarité entre tous les soignants, libéraux et hospitaliers. Lorsque nos cabinets étaient fermés, nombre de chirurgiens-dentistes sont spontanément allés apporter les équipements de protection dont ils n’avaient pas l’utilité à leur conseil de l’Ordre départemental pour que les soignants en première ligne puissent en bénéficier.
En suivant les recommandations de bonnes pratiques édictées notamment par la Haute Autorité de Santé, avec le concours de l’Ordre et de la communauté scientifique. Elles sont draconiennes. Il faut aérer le cabinet un quart d’heure entre chaque patient, décontaminer les surfaces… ce qui prend bien sûr beaucoup de temps et génère un épuisement professionnel tant au niveau des praticiens que du personnel. Parce que nos assistant(e)s aussi sont sur le pont, non-stop. Aujourd’hui, je dirais que les cabinets, en termes de nombre de patients, doivent travailler aux deux-tiers de leur activité normale. Mais pour ce faire, ils doivent effectuer un volume d’heures de travail bien plus élevé. Notre profession est vraiment sous tension.
La baisse générale du chiffre d’affaires des cabinets est une réalité, même s’il faut reconnaître que grâce aux négociations des syndicats, les caisses d’assurance-maladie ont apporté des aides. Tout comme la caisse de retraite des chirurgiens-dentistes qui, l’an dernier, a non seulement reporté le paiement de nos cotisations mais a aussi attribué une aide financière d’un montant de 4 500 euros à chaque praticien cotisant en exercice. Dans l’ensemble, en tenant compte des actions locales menées par les Ordres et les Unions Régionales des Professionnels de Santé, je tiens à dire que nous n’avons pas été abandonnés, même si dans un premier temps, c’est un sentiment qui a pu être ressenti par la profession.
Je suis heureux du maintien du taux de participation élevé de notre profession à ces élections. Il n’a chuté que de deux points par rapport au scrutin de 2015 et dépasse toujours les 40%.
Au préalable, je voudrais souligner que cette disposition n’est pas arrivée par hasard. Nous en avions fait la demande à plusieurs reprises au ministère en leur disant que nous étions à la disposition du pays. Aujourd’hui, le texte est très clair. Non seulement les chirurgiens-dentistes peuvent vacciner mais ils peuvent également prescrire la vaccination.
La vaccination des chirurgiens-dentistes dans le cadre d’un vaccinodrome est déjà actée. Nous attendons désormais un prochain décret d’application autorisant la vaccination au cabinet, ce qui nous permettrait de traiter aisément la patientèle que nous connaissons. Je pense que compte-tenu des récents propos du président de la République qui souhaite que l’on vaccine matin, midi et soir et que tout le monde s’y mette, ce décret ne devrait pas tarder à arriver.
Crédit photo : Alexis Harnichar
Propos recueillis par François Petty