Alors que la consommation de drogues, notamment de psychostimulants, inquiète chez les jeunes adultes, les résultats de l’enquête ESPAD 2024, publiés par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), vont dans le bon sens.
Réalisée tous les quatre ans, l’enquête interroge des adolescents de 15 à 16 ans dans 37 pays, une tranche d’âge charnière dans le développement du cerveau.
En 2024, près de 114 000 jeunes ont été sondés, dont 3 376 dans l’hexagone. Les résultats révèlent une baisse marquée des usages, la France se situant désormais sous la moyenne européenne pour la plupart des indicateurs.
Tabac et cannabis un net recul
Le tabagisme quotidien chez les jeunes Français ne concerne plus que 3,1 % d’entre eux, contre 16 % en 2015. Si un sur cinq a déjà essayé de fumer, la France figure aujourd’hui parmi les bons élèves en Europe.
Néanmoins, la cigarette électronique est devenue assez populaire : 38 % des adolescents français (41% chez les filles, 35% chez les garçons) l’ont en effet déjà testée, un niveau proche de la moyenne européenne.
Le recul du cannabis est encore plus spectaculaire :
- 8,4 % des jeunes de 16 ans y ont déjà goûté, contre 31 % dix ans plus tôt.
 - l’usage mensuel chute également de 17 % à 4,3 %.
 
Il s’agit là d’une rupture de tendance, car la France a longtemps figuré parmi les pays les plus expérimentateurs.
Les experts saluent l’impact des actions publiques volontaristes : hausse des prix du tabac, campagnes de prévention comme le Mois sans tabac, ou encore programmes de renforcement des compétences psychosociales (CPS).
La « dénormalisation » du tabac a contribué à celle du cannabis, dont l’image a perdu une partie de son aura.
Perte d’attrait des autres drogues illicites
Autre bonne nouvelle, seuls 3,9 % des jeunes ont déclaré l’an passé avoir expérimenté des drogues illicites (autre que la cannabis) en France, contre 7,5 % en 2015, un chiffre en dessous de la moyenne européenne (5 %).
Parmi ces substances illicites, la cocaïne demeure la substance la plus expérimentée à 16 ans (1,7 %), devant les amphétamines (1,3 %), le crack (1,2 %) et l'ecstasy/MDMA (1,1 %).
Globalement, ces comportements sont stables ou en légère baisse en Europe, sauf dans quelques pays, comme l’Islande, Chypre ou encore la Norvège.
L’alcool garde la cote
Seule ombre au tableau, l’alcool suscite toujours des adeptes :
- près de 7 jeunes Français de 16 ans sur 10 en ont déjà consommé, les filles étant désormais plus nombreuses que les garçons.
 - et 22 % d’entre eux déclarent une alcoolisation ponctuelle importante (API) dans le mois précédant l’enquête. Ce chiffre est cependant inférieur de 9 points à celui de 2015.
 
Dans le détail, la consommation d’alcool parmi les jeunes Européens de 16 ans souligne une divergence entre, d’un côté, l’Europe centrale et les pays des Balkans où les niveaux de consommation sont plus forts et, de l’autre, l’ouest de l’Europe, la Scandinavie et les pays baltes où ils sont plus faibles.
Un effet générationnel ?
La tendance générale s’inscrit dans une évolution amorcée avant la crise du Covid-19.
De plus en plus de jeunes en France et chez nos voisins sont convaincus que l’on peut se sentir bien sans tabac ou sans prendre de risques.
Néanmoins, la vigilance reste de mise, notamment sur la consommation d’alcool.
Pour aller plus loin :
Créé en 1993, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives a pour objet d’éclairer les pouvoirs publics, les professionnels du champ et le grand public sur les phénomènes des drogues et des addictions.