Mélanie Debarreix : Parce que nous ne sommes pas du tout satisfaits de ce que les tutelles nous proposent. Initialement, on nous avait dit que cette quatrième année de médecine générale devait être une année pré-professionnalisante. Elle devait impulser la dynamique pour toute une première promotion, qui concerne en l’occurrence près de 4 000 étudiants, prêts à s’installer de façon pérenne dans les territoires. Mais là, on se rend compte qu’en fait, ils vont faire les mêmes consultations qu’en troisième année, en occultant la visée pédagogique, ce qu’on nous avait vendu initialement.
Mélanie Debarreix : Ce qui coince, c’est le modèle proposé. Depuis le début, l’ISNI*, avec l’Isnar-IMG**, nous plaidons pour un modèle de rétrocession d’honoraires. Cette piste a malheureusement été très vite balayée par les autorités de santé. Pourtant, ce modèle permettrait aux internes de médecine générale d’expérimenter, concrètement, ce que signifie d’exercer dans un cabinet libéral. Parce qu’au final nous n’avons toujours connu que le salariat jusqu’à maintenant à l’hôpital. Cela nous permettrait de découvrir la réalité de la comptabilité, des charges, etc. et d’apprendre ce nouveau mode de pratique qui sera le nôtre plus tard, parce que plus de 60% des internes veulent faire du libéral.
Mélanie Debarreix : Nous sommes extrêmement inquiets. En ce qui concerne la remise en cause des dépassements d’honoraires, le risque, c’est qu’il y aura une énorme part de spécialités de médecine libérale qui seront en cessation de paiement à court terme. Certains élus pensent que ces dépassements sont un privilège, mais ils sont en réalité un amortisseur économique pour une part importante des spécialités. Seule une petite minorité pratique des dépassements abusifs. Ce qui se joue, là, pour nous en tant qu’internes et futurs médecins, c’est notre avenir.
Mélanie Debarreix : Sur ce PLFSS, on est vraiment sur quelque chose de très grave pour notre profession. Ce qu’il met en avant, c’est que la valeur d’un acte médical ne sera plus déterminée par sa complexité, par notre expertise ou par notre responsabilité en tant que médecin, mais simplement par sa rentabilité financière. C’est, avant tout, cela que je trouve choquant et qui m’inquiète énormément : on parle de rentabilité désormais pour parler d’un acte médical.
Mélanie Debarreix : La poursuite de la lutte contre les VSS, bien sûr, mais cette année nous voulions aussi nous concentrer sur le post-internat. Parce que c’est une information que les internes n’ont pas. Quand nous terminons notre internat, il y a une énorme méconnaissance de l’ensemble des carrières qui nous sont ouvertes, qu’elles soient hospitalières, libérales, à l’armée, dans les ONG…Nous travaillons aussi sur l’usage de l’intelligence artificielle. L’actualité politique immédiate nous ralentit énormément sur ces thèmes et sujets, mais nous donnons rendez-vous à tous les internes, au début de l’année prochaine, pour leur exposer les résultats de nos travaux.
*Intersyndicale nationale des internes
**Intersyndicale nationale des internes en médecine générale
Crédit photo : ISNI