Jusqu’en 2019, l'Île-de-France était la région française où l’on vivait le plus longtemps. Néanmoins, fin 2021, l’espérance de vie n’avait pas retrouvé son niveau et sa tendance d’avant la Covid.
Santé et revenus
La crise de la Covid-19 a renforcé les inégalités sociales et territoriales de santé qui préexistaient comme ce qu’on observait déjà en matière d’obésité, de diabète et des maladies cardio-neurovasculaires.

Dans le détail, les inégalités sociales en termes de mortalité prématurée avant 65 ans varient de -50 % à +34 % selon les cantons franciliens, même si elle est en moyenne la plus faible de toutes les régions métropolitaines.

Il faut dire que la région se démarque par un grand nombre de logements précaires, parfois suroccupés, généralement par des personnes défavorisées.
C’est ainsi la région la plus touchée par les intoxications au plomb et au monoxyde de carbone. Sans parler des passoires thermiques.
Autres points délicats : la région représente 30 à 40 % des cas de certaines pathologies (tuberculose, infections sexuellement transmissibles, VIH, saturnisme infantile) alors qu’elle ne représente pourtant que 18 % de la population française.
Un environnement malsain
- Près d’un décès sur dix en Île-de-France est dû à la pollution atmosphérique. Néanmoins, grâce à l’amélioration durable de la qualité de l’air, la mortalité attribuable à l’exposition aux particules PM2,5 a chuté de 40 % en 9 ans pour atteindre 6220 décès annuels en 2019 ;
- En 2019, Bruitparif a calculé que le bruit des transports était responsable de l’ordre de 108 000 années de vie en bonne santé perdues chaque année (ce qui représente une perte de 10,7 mois par habitant en moyenne au cours d’une vie entière). Cette situation s’est dégradée depuis 2015.
Souci de santé chez les jeunes et les anciens
La santé des jeunes est préoccupante du fait des comportements alimentaires, d'usages problématiques d’alcool et de cannabis, et d'autres facteurs entrainant une dégradation de la santé mentale.
- 17,8 % des adolescents franciliens sont insomniaques ;
- près de la moitié d’entre eux rapporte un sommeil non reposant ;
- 26 % des adolescents franciliens programment leur réveil pour se connecter à leurs smartphones en cours de nuit ;
- un risque de dépression était déclaré pour un quart des Franciliens de 17 ans, chiffre en augmentation et plus élevé qu’ailleurs en France métropolitaine.

En raison du vieillissement de la population francilienne, le nombre de personnes âgées dépendantes est attendu en forte hausse (jusqu’à + 123 % en Seine-et-Marne en 2040 par exemple) .
- Il faut s’attendre en particulier à une hausse des risques de chutes (en 2019, les chutes représentaient 12 % des hospitalisations des plus de 80 ans en Île-de-France et jusqu’à 19,2 % en Seine-et-Marne) ;
- La qualité des soins prodigués en fin de vie dans la région est encore insuffisante : six Franciliens décédés sur dix auraient eu en effet besoin de soins palliatifs.

Un penchant pour les spécialistes
L’Ile-de-France se caractérise par une consommation moyenne d’actes de médecins généralistes libéraux inférieure à la moyenne de la France métropolitaine.
- C’est la région française où, à tout âge, la consommation de médecins généralistes libéraux est la plus faible ;
- C’est aussi la région après la PACA où le niveau de recours aux médecins spécialistes est le plus fort. C’est le cas dans les départements aisés de Paris, des Hauts-de-Seine et des Yvelines ;
- Si entre 2015 et 2021, le nombre global de médecins généralistes libéraux ou mixtes a diminué, le nombre d’actes réalisés a, lui, augmenté très légèrement et de manière un peu plus marquée lorsque l’on tient compte de l’activité médicale réalisée dans les centres de santé ;
- Seuls 21 % des spécialistes libéraux parisiens exercent en secteur 1 sans dépassement d’honoraires. Mais, cette proportion s'élève à 54 % en Seine-Saint-Denis.

La grande précarité progresse
Les populations invisibles échappent largement à la statistique publique « mais n’en demeurent pas moins très marquées par une forte mortalité prématurée, des pathologies chroniques aggravées, une prévalence de maladies infectieuses importante, une santé mentale fragilisée touchant les plus vulnérables » explique t-on dans le diagnostic.
Il s’agit d’individus ou de familles précarisés, de jeunes marginalisés, de personnes souffrant d’addiction, de personnes migrantes.
Pour aller plus loin
Créé en 1974 pour mener des études auprès du préfet de Région, l’Observatoire régional de santé (ORS) Île-de-France est, depuis, devenu, sur volonté du conseil régional, un département technique autonome de l'Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) de la Région Ile-de-France. Depuis 1983, il est financé à parts égales par l’État et la Région.