Sur le terrain, l’équipe du bus dentaire 2 est constituée de Valérie, coordinatrice chargée de piloter et de gérer l’association, David, chauffeur-aide polyvalent responsable du véhicule et de Katia, assistante dentaire-coordinatrice sociale qui aide les patients à recouvrer leurs droits sociaux. 35 chirurgiens-dentistes et 2 assistantes dentaires bénévoles assurent des vacations de soins 5 jours par semaine.
Le bus, qui intervient principalement à Paris intra-muros, dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis, reçoit plus de 2 000 patients par an. Leur profil ? Majoritairement des personnes démunies, migrantes ou en situation de précarité, qui le plus souvent, sont soit dépourvues de droits sociaux, soit ne les connaissent pas.
Bonne humeur communicative
Il est aux alentours de 10h00 en ce petit matin gris et pluvieux de janvier. Et, comme tous les jours, 3 fois par semaine, le bus dentaire assure une permanence d’accès aux soins dans la cour du Samu Social de Paris. Aujourd’hui, c’est le Dr Catherine Bouet qui est à la manœuvre. Cette septuagénaire énergique à la bonne humeur communicative a rejoint l’association, « il y a deux ans, quand j’ai pris ma retraite », explique-t-elle. « Je fais mes vacations avec un réel plaisir. C’est toujours agréable de participer à des actions utiles et qui ont du sens ». Surtout quand l’organisation est bien rôdée.
Une organisation bien rôdée
En effet, le bus, d’une superficie d’une quinzaine de mètres carrés, bénéficie d’une ergonomie optimale décomposée en trois parties : après une volée de sept-huit marches, les patients entrent à l’arrière du camion pour y découvrir une petite salle d’attente. Ils s’enregistrent ensuite auprès de la coordinatrice, pour finalement s’asseoir dans le fauteuil où ils seront soignés par le binôme praticien-assistante dentaire de vacation ce jour-là. « Il s’agit de la troisième génération de véhicule de ce type. Au départ pour le premier bus, nous avions commencé par aménager un ancien bus de la médecine du travail », se souvient le Dr Philippe Pommarède, conseiller national ordinal et président de l’Association Bus Social Dentaire.
« D’ailleurs, nos patients sont souvent étonnés quand ils découvrent l’endroit », sourit Valérie Maximin, coordonnatrice de l’équipe. La clarté et les tons fonctionnels (bleu-roi et blanc) du lieu, alliés au sourire de l’équipe, font de l’accueil dans ce véhicule, un véritable cabinet dentaire que ne renierait pas un praticien installé en libéral. « Sans compter l’essentiel : fauteuil, aspirateur chirurgical, stérilisation… nous travaillons avec un très bon matériel », souligne le Dr Bouet.
Un nouveau bus l'an prochain ?
A l’évidence, au bus dentaire, la précarité ne va pas de pair avec des soins au rabais. « Les soins dentaires ne sont pas une priorité pour la population que nous touchons. Les gens viennent quand ils ont déjà très mal et les dents qui les font souffrir sont alors souvent en mauvais état, ce qui nécessite parfois dépulpation ou extraction », analyse Valérie Maximin. Qui croit fermement aux actions de prévention et de soins menées en fin de semaine lorsque le bus se déplace sur le site des associations partenaires de l’association. Comme à La Cité des Dames qui, dans le 13ème arrondissement de la capitale, prend en charge des femmes sans-abri ou Médecins du Monde par exemple.
Mais, même pour se rendre au Centre d’accueil de soins et d’orientation (Caso) de MdM, situé à la Plaine Saint-Denis, il faut avoir le droit de… rouler. « Nous bénéficions d’une dérogation de la Mairie de Paris, mais notre bus est classé Crit’air 4. Nous avons lancé un appel d’offres pour l’achat d’un véhicule qui corresponde aux nouvelles normes anti-pollution, qui puisse recevoir notre matériel, et qui, cette fois, bénéficie d’un accès pour les personnes handicapées », dévoile le Dr Pommarède. Les premiers tours de roue de ce nouveau bus dentaire sont espérés pour le premier trimestre 2021.
La Médicale, partenaire de la première heurePreuve que le hasard fait parfois bien les choses. L’idée de l’Ordre de créer un bus social dentaire, au milieu des années 90, coïncide en effet avec l’arrivée d’un tout jeune agent à La Médicale, Laurent Dandoy. Après avoir discuté avec le président du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes de l’époque, il est aussitôt conquis par le projet. Et fait part de son enthousiasme au siège de La Médicale où le message est entendu. |
1 Pour celles et ceux qui souhaiteraient participer à l’action de ces bénévoles, vous pouvez vous rendre sur le site de l’association : busdentaire.fr et cliquer sur la rubrique vie associative pour connaître la marche à suivre, que ce soit pour rejoindre l’équipe et pratiquer des soins ou pour faire un don et contribuer à l’acquisition du nouveau bus