Nous avons créé l’UNIPA avec une poignée d’IPA en février 2019. A l’époque nous n’étions même pas encore véritablement des IPA parce que nous étions encore en formation. Nous étions la toute première promotion, diplômée en juillet 2019, et les conditions favorables à notre arrivée n’étaient pas réunies, notamment d’un point de vue économique. Il n’y avait pas de grilles de salaires, pas de convention nationale pour la rémunération des infirmières en pratique avancée en libéral… Il fallait donc qu’il y ait un syndicat qui puisse représenter les intérêts des IPA, quel que soit leur milieu clinique, et qui puisse aussi accompagner les étudiants qui vont se former à ce nouveau diplôme d’État infirmier.
Si l’on garde à l’esprit qu’il n’y avait rien quand les premières promotions sont sorties, on a quand même eu un certain nombre d’avancées majeures. Sur les statuts et les grilles salariales qui sont parues dans la fonction publique. Ce n’est pas encore à la hauteur de ce nous souhaitons mais en tout cas les statuts existent. On a aussi obtenu une prime spécifique pour les hospitaliers. Et nous avons obtenu la renégociation de l’avenant 7 avec l’Assurance maladie. Il a été signé l’été dernier. Là aussi, ce n’est toujours pas à la hauteur de ce que nous souhaitons, mais au moins les IPA libéraux vont pouvoir vivre de leur activité. On espère qu’il y aura ensuite des évolutions positives dans l’avenir.
Si on regarde sur le seul point de vue économique, il reste encore à donner les moyens aux IPA d’être mieux rémunérés pour les responsabilités qui leur incombent aujourd’hui. Il y a des grilles de la fonction publique, notamment dans la territoriale où il y a beaucoup d’IPA qui sont dans les centres de santé par exemple, qui n’ont pas de grilles spécifiques. Dans la partie privée, les statuts ne sont toujours pas créés non plus et la place de l’IPA n’est pas encore complètement identifiée. Bref, il y a encore des enjeux autour de la rémunération.
Le cursus IPA attire parce que c’est une perspective de carrière qui est nouvelle et intéressante. Mais le nombre d’étudiants qui s’inscrivent en masters a diminué l’année dernière, notamment chez les libéraux. Les études sont longues, et, sans financement, c’est compliqué d’étudier tout en continuant à travailler. D’autant plus qu’à l’arrivée, des IPA, en effet, gagnent moins bien leur vie qu’en tant qu’IDE libérale. On a créé une belle profession, avec de bonnes intentions, mais on a oublié d’accompagner les postulants et ces nouveaux professionnels.
Nous pouvions déjà primo-prescrire les médicaments qui ne sont pas à prescription médicale obligatoire, mais cette fois les primo-prescriptions ne concernent pas que les médicaments. Il s’agit également des bons de transport, des arrêts de travail courts, ou encore des compléments nutritionnels oraux. La DGOS* étudie les dossiers des régions qui ont candidaté et décidera de celles qui seront retenues. On devrait avoir la réponse début janvier pour que cette expérimentation démarre rapidement. Dans le premier trimestre 2023, nous espérons.
* Direction Générale de l’Offre de Soins
Propos recueillis par François Petty
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