Pr Isabelle Laffont : Tout d’abord, il nous faut développer l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires. Parce que nous considérons que le modèle hospitalo-universitaire est au coeur de l’excellence de la médecine française. Il est très important à la fois de le conserver, mais aussi de le faire évoluer. Il faut également promouvoir la recherche biomédicale et affirmer le rôle important des UFR de médecine/santé dans toutes ses formes, allant de la recherche fondamentale à l’innovation, en passant par la recherche translationnelle et la recherche clinique. C’est la recherche qui dessine la médecine de demain.
Pr Isabelle Laffont : En nous engageant avec les acteurs qui organisent et pilotent la recherche biomédicale française. Nous sommes ainsi représentés au niveau de l’Agence Nationale de Programmation qui a été confiée à l’Inserm il y a deux ans. Nous sommes aussi présents au sein du Comité National de Coordination de la Recherche. Nous avons également nos actions locales de Doyens, à travers la construction et le suivi des projets de recherche de nos sites hospitalo-universitaires, main dans la main avec l’Inserm, les universités et les CHU.
Pr Isabelle Laffont : Notre troisième sujet, c’est la pédagogie. En premier lieu, nous avons la volonté de simplifier et de sécuriser la réforme du deuxième cycle des études de médecine mise en place il y a deux ans. C’est une belle réforme, mais elle doit être simplifiée et sécurisée pour rester soutenable avec l’augmentation massive du nombre d’étudiants en médecine depuis 10 ans. Cette réforme a introduit la formation par compétences et l’évaluation formalisée du « savoir-être » et du « savoir-faire ». C’est un tournant majeur de la formation des jeunes générations de médecins.
Pr Isabelle Laffont : Oui, mais il y a des choses très positives qui sont sorties de cette réforme de 2020. Elle a mis fin au gâchis de la PACES* en permettant aux étudiants de valoriser leurs deux années de sélection pour poursuivre leurs études en licence s’ils ne sont pas admis dans les filières de santé. Elle a également permis d’augmenter le taux de réussite des étudiants. Pour autant, il nous semble urgent de rendre ce mode de sélection via le système PASS/LAS plus lisible et de le simplifier pour le rendre plus acceptable.
Enfin, nous travaillons aussi à l’universitarisation des formations paramédicales. Un premier pas a déjà été fait, avec l’accueil, dans nos UFR, de celle des Infirmiers en pratique avancée (IPA) en 2018.
Pr Isabelle Laffont : Nous sommes extrêmement préoccupés par le sujet de la difficulté d’accès aux soins. Nous considérons que la formation fait partie des leviers qui vont participer à lutter contre les déserts médicaux. Pour cela, il faut garder de grosses facultés de médecine intégrées dans des grandes universités pour préserver la qualité de la formation médicale et prodiguer à nos futurs médecins une formation scientifique de haut niveau. Il faut accélérer la territorialisation des stages des étudiants en médecine et renforcer les enseignements en territoire à travers la création de postes à distance des grandes métropoles.
Pr Isabelle Laffont : Oui, la prévention des Risques Psycho-Sociaux et des Violences Sexistes et Sexuelle, et la prise en compte de la précarité étudiante sont un axe majeur de notre projet. Nous avons la responsabilité de prendre soin de tous nos étudiants. Cela passe par des actions d’information et de formation, mais aussi par des actions concrètes de prévention et, lorsque cela s’avère nécessaire, de suivis personnalisés.
* Première Année Commune aux Études de Santé
Crédit photo : Université de Montpellier