Depuis 10 ans, Prescrire publie la liste des médicaments à éviter car ils sont « plus dangereux qu’utiles » dans toutes les situations cliniques pour lesquelles ils sont autorisés en France ou en Europe. L’objectif ? Aider les soignants à choisir de meilleures alternatives à ces médicaments, afin de prodiguer des soins de qualité.
Une forte attention portée aux effets indésirables
Le bilan s’appuie sur des analyses détaillées, publiées dans la revue Prescrire depuis 2010. Elles concernent pour l’essentiel les nouvelles spécialités pharmaceutiques, les nouvelles indications, ainsi que les suivis d’évaluation de l’efficacité et des effets indésirables.
Ce dernier point est déterminant car chaque nouvelle donnée sur les effets indésirables remet en question la balance bénéfices-risques. En effet, la revue Prescrire rappelle dans son édition de décembre 2021 (page 935-2) qu’au moment de l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament, « certains effets inde?sirables, rares mais graves, peuvent ne pas avoir e?te? repe?re?s lors des essais, et le sont parfois seulement apre?s plusieurs anne?es d’utilisation par un plus grand nombre de patients ».
La liste noire des médicaments à éviter comporte des médicaments :
- actifs : ils exposent a? des risques disproportionne?s par rapport aux be?ne?fices apportés ;
- anciens : d’autres me?dicaments plus re?cents présentent une balance be?ne?fices-risques plus favorable ;
- re?cents : leur balance be?ne?fices-risques est moins favorable que celle de me?dicaments plus anciens.
La liste concerne aussi des me?dicaments « dont l’efficacite? n’est pas prouve?e au-dela? de celle d’un placebo, et qui exposent a? des effets inde?sirables particulie?rement graves ».
La liste noire des médicaments à éviter
Ainsi, fin 2021, 105 médicaments ont été recensés, dont 89 sont commercialisés en France. À titre d’exemple, on peut citer :
- dermatologie : la me?quitazine (Primalan°)
- douleur : l’ace?clofe?nac (Cartrex° ou autre) et le diclofe?nac (Voltare?ne° ou autre) par voie orale
- gastro-entérologie : la diosmectite (Smecta° ou autre), l’hydrotalcite (Rennieliquo°), la montmorillonite beidellitique alias monmectite (Bedelix°, et en association dans Gelox°) et le kaolin (en association dans Gastropax° et Neutroses°)
- pneumologie – ORL : l’oxome?mazine (Toplexil° ou autre)
- psychiatrie : l’e?tifoxine (Stresam°)
Parmi les principales évolutions par rapport au bilan de l’année dernière, il faut noter l’entrée d’un médicament supplémentaire dans la liste noire des médicaments dangereux : la fenfluramine (Fintepla°). Il s’agit d’un amphétaminique ancien qui est devenu autorisé dans la maladie de Dravet (une forme d’épilepsie infantile) alors qu’il expose « à des états de mal convulsif plus fréquents et à des risques cardio-vasculaires graves à long terme » précise la revue Prescrire.