La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a eu recours à de nombreuses sources pour analyser les inégalités sociales de santé à 360°.
Certains éléments vont dans le bon sens, comme la consommation de tabac en baisse avant la crise sanitaire, ainsi que la consommation d’alcool. Il faut toutefois nuancer ce constat, puisque le « binge drinking », le terme exact employé étant « alcoolisation ponctuelle importante » ou API, touchait 27 % des femmes et 50 % des hommes de plus de 15 ans en 2019.
Par ailleurs, les espérances de vie à la naissance et à 65 ans continuent d’augmenter, mais moins vite, avec une chute conjoncturelle en 2020 liée au Covid.
Et, malgré un rythme de croissance qui se réduit également, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans progresse plus rapidement que l’espérance de vie à 65 ans.
De nombreux facteurs impactent la durée de vie
Sans surprise, les Français restent inégaux face à la mort. Les chercheurs ont mis en évidence certaines corrélations entre la durée de vie, le niveau de revenus, la catégorie socio-professionnelle et l’éducation.
Ainsi,
- À partir de 35 ans, les hommes cadres vivent en moyenne 6 ans de plus que les ouvriers dans les conditions de mortalité de 2009-2013, cet écart est de 3 ans chez les femmes.
- Entre les diplômés du supérieur et les non-diplômés de plus de 35 ans, l'écart est de 7,5 ans pour les hommes et de 4 ans pour les femmes.
Par ailleurs, le nord et le nord-est de la France se distinguent par une mortalité plus importante, pour l’ensemble des cancers, les maladies de l’appareil respiratoire et les maladies cardio-neurovasculaires. Cependant, la DREES indique qu’une multitude de facteurs se conjuguent pour expliquer ce phénomène : conditions de vie, de travail et de logement, mais aussi comportements et pratiques sociales.
Situation critique dans les outre-mer
L’état de santé des Français des cinq départements et régions d’outre-mer (DROM) est moins bon qu’en métropole. Outre une mortalité périnatale plus accentuée, le dossier de la DREES en fournit de nombreuses illustrations.
En voici deux :
- Dans les DROM, moins de la moitié des habitants intègrent tous les jours dans leurs menus des fruits et légumes, contre trois sur quatre en France Métropolitaine. Cette tendance, accentuée chez les non-diplômés, s’accompagne parfois d’une propension à boire davantage de boissons sucrées.
- De même, en Guyane et à Mayotte, 20 % des personnes présentent des signes de symptômes évocateurs de troubles dépressifs, contre 10 % en France métropolitaine.
Des inégalités persistantes
Certaines données vont affecter durablement la santé des Français. Selon les climatologues, il va falloir ainsi vivre avec des pics de chaleur. Il est aussi reconnu que la pollution de l’air entraîne des maladies respiratoires.
Néanmoins, la politique publique peut encore contribuer à impacter la consommation d’alcool ou de tabac, et faire de la pédagogie pour modifier certains travers de nos modes de vie, comme la sédentarité.
Certains usages varient aussi selon le sexe. Quel que soit le territoire, la pratique quotidienne du vélo ou de la marche au moins 30 minutes par jour est plus souvent suivie par les hommes. En France métropolitaine, 36 % des hommes et 27 % des femmes ont adopté ces bons réflexes.
Certains objectifs de vaccination n’ont pas non plus été atteints :
- La vaccination contre les infections à papillomavirus humain (HPV) reste faible, avec 29 % des jeunes filles de 15 ans nées en 2003 ayant reçu une première dose. L’objectif initial du plan cancer était de 60 %.
- Les plus de 65 ans ne se font encore pas assez vaccinés contre la grippe saisonnière.
Les politiques de prévention se heurtent à certains obstacles. La DREES indique que « la participation aux dépistages (mammographies, frottis, dépistage du cancer colorectal) est d’autant plus fréquente que les personnes ont une position sociale favorable. »
La DREES reconnait que les difficultés à accéder au soin, compte tenu d’un nombre insuffisant de professionnels de santé, et du renoncement au soin, peuvent contribuer localement à freiner l’obtention de progrès notables. Le vieillissement de la population exerce également une pression croissante sur le système de santé.