Selon Santé publique France, les prescriptions et les consommations d’antibiotiques ont progressé de 16,6% en 2022, après +14% en 2021. Elles se situent néanmoins encore en retrait par rapport à 2019. Une année atypique marquée par les confinements, l’adoption de gestes barrière et une chute des consultations médicales.
Les années 2021 et 2022 ont été marquées par une reprise des infections hivernales courantes, d’où des prescriptions d’antibiotiques, particulièrement au cours de leurs derniers trimestres. Pourtant, les infections hivernales courantes justifient rarement une telle prescription.
Un problème bien identifié
Une étude du Centre européen de prévention et contrôle des maladies (ECDC) chiffre le nombre des infections dues à des bactéries résistantes à plus de 120.000 cas par an en France. Plus de 5.500 décès y seraient liés.
En Europe, l’antibiorésistance causerait plus de 35.000 morts par an. Un impact comparable à celui de la grippe, de la tuberculose et du VIH/SIDA réunis. Et, ce fléau a aussi un impact en termes de dépenses de santé.
D’après l’OCDE, les infections résistantes aux traitements antibiotiques pourraient tuer quelque 2,4 millions de personnes en Europe, en Amérique du Nord et en Australie entre 2015 et 2050 si les choses restent en l’état. Pour la France, elle estime que 238.000 personnes mourront des suites de l’antibiorésistance.
Quelques pics de consommation
Santé publique France a récemment analysé les prescriptions et mis en évidence certaines évolutions récentes :
- Les enfants de 0 à 4 ans en consomment davantage qu’en 2019 ;
- Les niveaux de 2019 ont été retrouvés chez les enfants de 5 à 14 ans (+42% en 2021) ;
- Une consommation plus élevée chez les femmes de 15 à 64 ans que chez les hommes ;
- Une consommation plus forte chez les hommes de 65 ans et plus, alors que sur cette tranche d’âge, les prescriptions concernent davantage les femmes.
Cap sur la prévention
La France fait partie des pays ayant le plus recours aux antibiotiques.
C’est pourquoi la stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance vise à en réduire de 25% la consommation sur la période. Elle cherche à responsabiliser non seulement les professionnels de santé, mais aussi les patients.
Concernant ces derniers, Santé publique France rappelle que les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les virus. Avec quelques conseils de base :
- Ne jamais prendre d’antibiotique sans prescription préalable ;
- Respecter scrupuleusement le durée du traitement ;
- Rapporter les éventuels antibiotiques non utilisés à la pharmacie ;
- Ne jamais réutiliser les antibiotiques même si les symptômes sont identiques, ni pour soi, ni pour un proche.
S’agissant d’un problème de longue haleine, la campagne de prévention précédente n’a pas perdu de sa pertinence.
Santé publique France va donc rediffuser en décembre la campagne “Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser”. Cette campagne visible en TV, VOL (vidéo online) , radios ou sous forme d’affiches dans les salles d’attente des professionnels de santé a pour objectif de promouvoir les bons comportements face aux antibiotiques. Les visuels mettent notamment en avant le rôle du médecin et du pharmacien.
Pour aller plus loin :
Le site antibiomalin : https://www.sante.fr/antibiomalin-pour-savoir-comment-bien-utiliser-les-antibiotiques
Un outil de datavisualisation permettant d’appréhender la pertinence des prescriptions d’antibiotiques des médecins généralistes vient d’être mis en ligne. 12 proxy-indicateurs, couplés à des cibles à atteindre, ont été mis en place à partir du Système national des données de santé (SNDS) : https://drees.shinyapps.io/prescription-antibios-MG/