La prévention occupe désormais une place de plus en plus importante dans le carnet de santé.
Ainsi, en 2018, pour prévenir le syndrome du bébé secoué, des conseils sont donnés aux parents pour réagir face aux pleurs de leur bébé. Il est également recommandé aux parents d’utiliser des biberons sans bisphénol A, d’éviter de placer un enfant de moins de 3 ans dans une pièce où la télévision est allumée, même s’il ne la regarde pas. Des conseils liés à l’environnement sont aussi ajoutés, comme aérer le domicile pendant 10 minutes chaque jour.
En 2025, le carnet de santé va comprendre des pages dédiées aux risques liés à l’usage excessif des écrans chez les enfants. L’idée est de sensibiliser les parents aux risques induits comme la désocialisation, le mal-être et les troubles psychiques.
Selon des chiffres publiés en 2021, les 3-17 ans passent en moyenne trois heures par jour devant les écrans. Ce temps dépasse même sept heures pour 23% des 15-17 ans.
De multiples risques
Le mauvais usage des écrans concerne les enfants dès leur plus jeune âge jusqu’à l’entrée dans la vie adulte.
En voici quelques exemples :
Un enfant exposé précocement aux écrans risque de développer des retards de langage, car ces appareils limitent les interactions humaines et verbales, pourtant essentielles pour l'apprentissage du vocabulaire.
Les travaux de l’INSERM ont révélé que les enfants exposés aux écrans dès 2 ans pâtissent d’un taux de masse corporelle supérieure à la moyenne à l’âge de 5 ans.
La lumière bleue peut perturber le rythme circadien. En France, les adolescents dormaient en 2020 en moyenne 7 heures et 45 minutes par nuit, moins de 7 heures en semaine, bien moins que les 8 à 10 heures recommandées par la National Sleep Foundation pour les 13-18 ans (de 9 à 12 heures pour les 6-12 ans). (source : rapport « Enfants et écrans, à la recherche du temps perdu » avril 2024)
Lorsqu'on utilise un écran, nos yeux fournissent un effort accommodatif soutenu et prolongé. Passer beaucoup de temps devant un écran oblige les yeux à maintenir un focus constant sur une cible fixe, sans variation de distance. Cette immobilité sollicite les muscles responsables de l’accommodation de manière répétitive, réduisant leur efficacité au fil du temps. En conséquence, les capacités visuelles se dégradent progressivement, rendant l'accommodation plus difficile et pouvant favoriser l'apparition d'une myopie permanente.
A ce titre, la France est loin d’être épargnée : on est passé de 15 % de myopes en 1950 à 40 % en 2020. Un chiffre qui pourrait grimper à 60 % en 2050, d’après les projections parues dans la revue Ophthalmology, en 2016.
Des mesures de bon sens
L’idée du carnet de santé est de sensibiliser les parents à la nocivité d’un usage excessif des écrans et de fournir des recommandations pratiques. Les parents sont en effet souvent démunis pour aborder ces questions.
Certains spécialistes ont émis des recommandations à ce sujet, comme la psychologue Sabine Duflo avec « la formule des 4 pas », simple à retenir :
- pas le matin ;
- pas aux repas ;
- pas dans la chambre ;
- pas au moment du coucher.
Ainsi, par exemple, l’enfant qui regarde un écran le matin fatigue son système attentionnel avant d’arriver à l’école. Elle indique qu’ «un enfant dont l’attention est réduite est un enfant qui bouge, qui parle, qui fait tomber ses affaires… et qui ne parvient plus à se concentrer ! »
De son côté, le psychologue Serge Tisseron a établi une règle 3,6,9,12 « pour une « diététique des écrans en famille ». Il préconise aucun écran avant 3 ans. Sa méthode est citée en fin d’article.

Plus radicalement, en Australie, les réseaux sociaux vont être formellement interdits à tous les jeunes de moins de 16 ans
Pour aller plus loin :
Les balises 3,6,9,12 pour aider les parents avec des flyers
La formule des 4 pas
http://www.sabineduflo.fr/vous-et-les-ecrans-conseils-pratiques/
Addiction aux écrans : une consultation pédiatrique