En novembre 2023, il est né 1.877 bébés en moyenne par jour. Ce chiffre s’inscrit en recul de 5,1% par rapport à novembre 2022. Il s’agit d’une tendance lourde, puisque c’est le 17ème mois consécutif de baisse par rapport au même mois de l’année précédente.
De janvier à novembre, la France a compté 621.691 naissances en 2003, soit environ 45.000 naissances de moins qu’en 2022, un retrait de 6,8%.
La transition démographique qui a touché les pays européens depuis longtemps a commencé en France depuis une dizaine d’années.
Dans le détail, certains facteurs expliquent ce phénomène :
- La nombre de femmes de 20 à 40 ans a diminué depuis le milieu des années 90,
- Le nombre d’enfants par femme se réduit,
- Et, un accroissement de l'âge moyen à la maternité, qui atteint 31,2 ans, contre 26 ans dans la seconde moitié des années 1970.
En 2022, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’est établi à 1,80 enfant par femme. Il baisse régulièrement depuis 2015. Il oscillait en effet autour de 2 enfants par femme entre 2006 et 2014. Le taux de renouvellement est à 2,05.
La tranche d’âge la plus féconde correspond au 25-34 ans. Néanmoins, la fécondité des femmes de moins de 30 ans baisse sensiblement depuis 2015. Chez les 25-29 ans, 13 enfants naissaient en 2002 pour 100 femmes contre seulement 10,1 en 2022.
Un faisceau de facteurs
Certains faits récents ont généré de l’inquiétude comme la guerre en Ukraine, la flambée inflationniste et les risques de coupures électriques à l’hiver 2022.
D’autres éléments sont structurels.
Les femmes sont de plus en plus diplômées et à l’heure de la recherche d’un équilibre vie privée-vie professionnelle, les hommes ne participent pas aux tâches ménagères à hauteur de parité.
Ainsi, selon l’Observatoire des Inégalités, les femmes d’âge actif passent en moyenne chaque jour trois heures aux tâches domestiques quand les hommes y consacrent 1 h 45. Quant aux taches parentales, les mères y passent 1 h 35 contre environ 40 minutes pour les pères.
Par ailleurs, d’un point de vue financier,
- l’arrivée du premier enfant augmente le budget familial de 20%.
- Selon le ministère des Solidarités et de la Santé, la dépense moyenne engagée par les familles jusqu’aux 20 ans de leur enfant s’élèverait à 180.000 euros. Même si elle est en partie compensée par les prestations familiales.
Un changement de société
Fait nouveau : la féminité est aujourd’hui moins reliée à la maternité.
Le désir de parentalité a lui aussi diminué. Selon un sondage IFOP réalisé en 2022 pour le magazine Elle,
- 13 % des Françaises âgées de 15 ans et plus préfèrent une vie sans enfants,. Elles n’étaient que 2% en 2006.
- Un chiffre qui monte à 23% chez les 15-24 ans et à 17% chez les 25-35 ans.
- Et, 45 % des 15-24 ans et 38 % des 25-34 ans estiment que devenir mère n’est « pas vraiment nécessaire » à leur épanouissement personnel. Elles n’étaient que 12 % à penser la même chose dans les années 2000.
Le moindre attachement à la perspective d’enfanter concerne une population très variée.
Il est plus fort chez les féministes, les écologistes convaincues (notamment les électrices de EELV), les athées convaincues, les célibataires, les citadines et les cadres supérieures.
Des freins à la natalité
D’autres causes à la chute des naissances sont évoquées, comme l’individualisme croissant de la société et le réchauffement climatique, ce dernier étant facteur d’anxiété.
La baisse récente du chômage est favorable à la natalité. Mais, d’autres facteurs pourraient avoir un impact positif comme une meilleure égalité salariale homme-femme, l’ouverture de nouvelles places en crèche, un accès plus aisé au logement et une hausse des revenus des jeunes.
L’Irlande, pays de tradition catholique, a longtemps figuré avec la France comme pays où la transition démographique était la plus lente en Europe. C’est terminé. Son taux de fécondité est descendu à 1,7 en 2022.