Sébastien Guérard : Tout à fait, et ce depuis la constitution de l’UNPS en 2004, l’année de la grande réforme de l’Assurance maladie qui avait porté également la création de l’Uncam* et de l’Unocam**. A chaque alternance de présidence, c’est tantôt un medicus tantôt un paramedicus. C’est une règle de fonctionnement qui n’est pas statutaire mais que nous nous sommes imposés. Le mandat est de deux ans, renouvelable une fois.
Sébastien Guérard : Nous voulons redonner du poids institutionnel et de la visibilité politique à l’UNPS. Nous nous sommes tellement peu saisi des missions de ce qui doit être notre cœur de métier, les discussions interprofessionnelles, qu’aujourd’hui l’État, le gouvernement, l’assurance maladie se tournent, sur ces questions, beaucoup plus volontiers vers d’autres représentations, comme les maisons de santé ou les CPTS. Ces fédérations et ces structures ont leur mot à dire, mais n’ont pas ce poids institutionnel que revêt l’UNPS. Nous allons aussi nous attacher à proposer une redéfinition des périmètres des métiers du soin.
Sébastien Guérard : La question est de savoir comment redonner du poids aux organisations représentatives et rééquilibrer le rapport de force dans la discussion conventionnelle. On voit bien qu’on est arrivé au bout des limites d’un système où les accords conventionnels sont de plus en plus difficiles à conclure et où les organisations qui s’engagent et les signent le payent assez cher. Il y a un tel décalage entre les attentes des professionnels sur le terrain et ce que leur apporte la nouvelle convention, que les organisations signataires sont souvent sanctionnées aux élections suivantes.
Sébastien Guérard : Nous avons en effet obtenu un accord de principe. La rédaction d’un accord cadre interprofessionnel est prévu pour être finalisé d’ici la fin de l’année et définir les modalités de mise en œuvre de cette expérimentation des Équipes de Soins Coordonnées Avec le Patient (ESCAP), un projet qui nous tient très à cœur. Nous le portons depuis deux ans.
Sébastien Guérard : Le principe repose sur une grille d’inclusion qui permet de repérer un certain nombre de critères de fragilité chez les patients. Dans le cadre de l’expérimentation, il sera circonscrit à 4 grand types de pathologies. Les patients diabétiques, en soins palliatifs, étant en post-AVC et les polymédiqués. Cette grille d’inclusion permet à un professionnel de santé, quel qu’il soit, face à un patient « fragile », de voir si ce dernier répond aux critères d’éligibilité de la grille. Si c’est le cas, il va pouvoir inviter, à travers un espace numérique, l’ensemble des professionnels, (médecin, infirmier, pharmacien…) qui gravitent autour de ce patient pour un suivi pluripro, avec l’accord de ce dernier bien sûr.
L’objectif n’est pas de s’opposer aux autres modèles de coordination, notamment les plus structurés. L’enjeu de cet outil numérique est aussi de pouvoir communiquer avec l’hôpital.
Sébastien Guérard : Les élus de terrain, notamment dans les campagnes, sont les premiers concernés par la pénurie d’offre de soins. Ils savent très bien que rassembler tous les professionnels sur un même site géographique n’est pas toujours évident. Aujourd’hui, il est plus simple en définitive de confier à ces professionnels un outil numérique qui leur permet de dialoguer et d’échanger entre eux plutôt que de vouloir les rassembler en un point fixe.
* Union nationale des caisses d’assurance maladie
** Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie
Propos recueillis par Pierre Nusswitz
Crédit photo : DR