Plus d’une infirmière hospitalière sur cinq (21%), quitte l’emploi salarié après dix années de carrière, relève la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques dans une enquête* parue au mois de juillet. Ainsi, sur la période 1989-2019, « les personnes entrées dans la profession d’infirmière sont de moins en moins nombreuses à occuper, au cours des années, un emploi salarié, que ce dernier soit hospitalier ou non », détaille l’étude. Au bout de cinq ans de carrière, elles ne sont plus que 87 % à occuper un emploi salarié. Un pourcentage qui descend à 79 % au bout de dix années.
Dans le détail, toujours dans la période comprise entre 1989 et 2019, « sur les 79 % de personnes qui ont encore un emploi salarié dix ans après leur premier poste d’infirmière hospitalière, 54 % exercent toujours cette profession à l’hôpital, 11 % sont toujours infirmières salariées mais pour un autre type d’employeur », par exemple un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, une administration publique ou en intérim. A noter que 7 % des infirmières qui ont changé de métier sont restées dans le secteur hospitalier, pour y occuper un emploi administratif par exemple. Un pourcentage égal (7 %) a, tout au contraire, entièrement changé de profession et de secteur.
10% choisissent l’exercice libéral exclusif
L’étude menée par la Drees est également riche d’autres enseignements. « Dix ans après leur début comme infirmière hospitalière, 17 % d’entre elles ont un emploi indépendant, en tant qu’infirmière ou en exerçant une autre profession. L’emploi indépendant est cumulé à un emploi salarié pour 4 % d’entre elles. Après dix ans, 10 % des infirmières hospitalières exercent en tant qu’infirmière libérale à titre exclusif, et 2 % à titre mixte », peut-on lire dans le document. Qui rappelle que le passage des infirmières de l’emploi salarié vers l’exercice libéral est possible sous réserve qu’elles aient exercé pendant deux ans comme infirmière salariée dans une structure de soins généraux (hôpitaux, cliniques, Ehpad et centres de santé) ou pendant six mois en tant que remplaçante d’une infirmière libérale.
Pas d’incidence de la maternité
Enfin, la Drees exclut la maternité des facteurs explicatifs de ce désamour croissant des infirmières pour le monde hospitalier. « Bien que les dix premières années de carrière coïncident souvent avec la naissance des enfants, la parentalité n’explique pas ces sorties de l’emploi salarié de la profession d’infirmière hospitalière ». De fait, après la naissance du premier enfant, le taux d’emploi salarié reste stable. Ainsi, devenir mère ne conduit pas les femmes qui ont occupé un poste d’infirmière hospitalière à se retirer de l’emploi salarié. « En revanche, devenir mère conduit les femmes qui ont exercé la profession d’infirmière hospitalière à diminuer leur volume de travail salarié. La naissance du premier enfant entraîne en moyenne une diminution de 0,14 emploi équivalent temps plein (EQTP) du volume de travail salarié cinq ans après la naissance et de 0,22 EQTP dix ans après », note la Drees.
* Publication Drees : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-08/ER1277.pdf