Le dernier rapport annuel de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) confirme que la santé reste un sujet de préoccupation important. En 2021, la mission a reçu 744 signalements de dérives sectaires en santé. 70% d’entre eux concernent des pratiques de soins non conventionnelles, dont le hijama (également appelé ventousothérapie, une méthode d'extraction du sang de la surface de l'épiderme à l'aide de ventouses), le reiki (technique d’imposition des mains) ou encore la médecine nouvelle germanique (cf. ci-après).
« Toute pratique non conventionnelle n’est pas sectaire », relativise le rapport 2021 de la Miviludes. Néanmoins la mission mentionne que « ces pratiques sont re?gulie?rement utilise?es pour placer sous emprise un individu en perte de repe?re ». À titre d’exemple, le rapport fait état d’une multiplication de pratiques alternatives pour prendre en charge les troubles autistiques, dont certaines sont « tre?s dangereuses ».
La méthode Hamer, un fléau sectaire pour les malades atteints d’un cancer
« Les malades atteints d’un cancer demeurent une cible pour tous les charlatans de la sante? », déplore le rapport. Ainsi, un patient sous emprise « peut perdre des chances de guérison en renonçant à des soins éprouvés ». C’est notamment le cas avec la méthode Hamer, socle de la « médecine nouvelle germanique », sur laquelle la Miviludes lance un nouveau cri d’alerte en rappelant sa dangerosité.
Développée par le médecin Ryke Geerd Hamer dans les années 1980, cette méthode repose sur le postulat que toute maladie, et en particulier tout cancer, est la conséquence d’un choc psychologique intense ve?cu par le patient. Elle prétend que le cancer se soigne via une psychothérapie, et exclut le recours aux traitements conventionnels (radiothérapie, chimiothérapie, chirurgie…). Ceux-ci sont considérés comme des obstacles à la guérison qui doit résulter de la propre volonté du patient. « Dans cette perspective, selon le Dr Hamer, il n’existe pas de maladies incurables, seulement des malades qui ne sont pas capables d’accéder à leurs facultés personnelles de guérison. » En 2004, l’ancien médecin a été condamné en France pour escroquerie, à la suite d’une plainte déposée par l’époux d’une malade d’un cancer du sein. La femme était décédée car, sous l’emprise du Dr Hamer, elle avait refusé les traitements conventionnels.
Malgré le décès de l’escroc en 2017 (il s’était réfugié en Norvège pour continuer à diffuser sa méthode), de nombreuses sous-e?coles et de?nominations de la méthode Hamer se sont multiplie?es, notamment :
- Biologie totale des e?tres vivants (Claude Sabbah, e?le?ve du Dr Hamer)
- De?codage biologique (Christian Flèche)
- Psychoge?ne?alogie
- Psychobiologie
- Psychosomatique clinique
- De?programmation cellulaire
- Me?moire cellulaire
Cette dispersion des émules de la méthode Hamer rend difficile l’identification du phénomène sectaire. À titre d’exemple, le site annuaire-therapeutes.com recense environ 590 praticiens du décodage biologique en France.
Au-delà des constats inquiétants relevés par le rapport annuel, il convient d’agir. En mars prochain se tiendront les premières Assises des dérives sectaires et du complotisme. Elles déboucheront sur l’adoption de mesures concrètes pour lutter contre le développement du phénomène sectaire.