Selon les derniers chiffres que nous avons recensés au 31 décembre 2019 et qui paraîtront dans notre prochain Atlas à la fin du premier semestre 2020, nous sommes exactement 18 874. Nous étions 18 548 l’an dernier.
Notre métier est certainement un métier-passion dont la vocation peut prendre naissance dans le très jeune âge. C’est une réalité constante et nous n’avons pas de problème de recrutement en termes de vocation. D’autant plus qu’aujourd’hui, la société a une approche en termes de relation à l’animal, qui a fait de ce dernier un véritable membre de la famille. Qu’il s’agisse des animaux de compagnie les plus courants : le chien ou le chat, ou même le lapin et le rat. Mais aussi, depuis dix-quinze ans, des animaux plus exotiques, comme les lézards, les iguanes ou les serpents.
Par principe, la formation vétérinaire couvre l’ensemble des espèces. Ensuite, il est bien certain que notre compétence s’entretient et se met à l’épreuve tous les jours. Au final, l’expérience qui est acquise au fil de notre vie professionnelle nous fait nous orienter, en fonction de notre appétence, plus particulièrement vers telle ou telle espèce. Ou encore vers des grandes fonctions spécialisées que sont la dermatologie, la chirurgie, la cardiologie ou encore la cancérologie ou l’endocrinologie.
Comme toute profession de soignants, la nôtre est dépendante de l’évolution des technologies et de la science. Au même titre que nous avons énormément progressé sur l’évolution de l’espérance de vie humaine, nous, vétérinaires, avons maintenant à gérer le grand âge, voire le très grand âge des animaux. Ce qui n’est pas sans parfois poser, comme pour nous les humains, des questions éthiques.
Prenons l’insuffisance rénale du chat. Nous sommes aujourd’hui capables de réaliser des transplantations rénales, d’un chat donneur vers un chat receveur. La question sous-jacente est la suivante : quelles obligations éthiques avons-nous vis-à-vis de ce chat qui a « donné » son rein à l’un de ses congénères ? Pour le moment les textes réglementaires ne prévoient rien en la matière, mais ces questions sont actuellement étudiées par le Comité d’éthique animal-environnement-santé que nous avons créé l’année dernière. Il rassemble un certain nombre de personnes issues de la société civile : des chercheurs, des éleveurs, des scientifiques et des spécialistes du droit et de l’agronomie. Au mois de mars, nous attendons un premier avis sur l’euthanasie non-médicalement justifiée des animaux.
Ce qui a créé et fondé la profession vétérinaire, par un décret royal qui date de 260 ans, c’était la volonté de trouver des solutions sur les grandes maladies du bétail qui décimaient les troupeaux et appauvrissaient les campagnes. C’est ainsi que le corps vétérinaire a été formé. Nous avons donc un ADN historique commun avec les animaux du bétail et les éleveurs. Et dans la deuxième moitié du 20ème siècle, nous avons eu à gérer d’autres grandes maladies du bétail transmissibles à l’homme, comme la brucellose ou la tuberculose. En tant que vétérinaires, habilités par l’État, nous avons contribué à dépister, à diagnostiquer, à traiter et à assainir les troupeaux. Ce qui est à porter au crédit à la fois des éleveurs, de l’État et des vétérinaires. Une réalité qui est fondamentale pour la société, puisqu’il s’agit non seulement de garantir la bonne santé des animaux, mais à travers elle, la sécurité sanitaire des aliments et celle de nos concitoyens.
Propos recueillis par François Petty
Crédit photo : CNOV