Même si la consommation d’alcool a tendance à baisser en France depuis les années 60, en raison d’une moindre consommation quotidienne de vin, les habitudes évoluent lentement.
Quel est l’état des lieux ?
- Bonne nouvelle, entre 2020 et 2021, en métropole, la proportion d’adultes déclarant une consommation d’alcool se situant au-dessus des repères de consommation à moindre risque a chuté, de 23,7 % à 22 %
- Néanmoins, les personnes moins favorisées représentent une proportion importante de la population ayant une consommation excessive.
- 55% des Français consomment de l’alcool au moins une fois par semaine.
- Plus de 40.000 décès par an en France sont liés à l’alcool.
Une addiction coûteuse
La consommation d’alcool est responsable directement ou indirectement de plus d’une soixantaine de maladies (cancers, maladies cardio-vasculaires, mentales, digestives, etc.).
Elle est la première cause d’hospitalisation et la deuxième cause de mortalité évitable en France derrière le tabac.
Selon l’Inserm, l’alcool aurait un coût social estimé à 118 milliards d’euros.
Le défi de janvier
Dry January (en anglais janvier sans alcool) ne cherche pas à diaboliser l’alcool, mais vise à permettre à tout un chacun de prendre conscience de son rapport avec ce produit pour mieux le maîtriser et à en connaître les risques.
Son site web propose un certain nombre de documents à télécharger : flyers, bannières pour les réseaux sociaux, guides pratiques. L’idée est aussi de pousser ceux qui s’engagent à le faire savoir, voire à réaliser le défi à plusieurs.
Dry January a également mis en place une mailinglist (envoi de mail avec des astuces et des conseils), une application mobile (Try Dry) et un groupe d’entraide sur Facebook.
En 2023, 32.000 personnes ont téléchargé Try Dry. Les études ont prouvé que les personnes qui s’inscrivent ont deux fois plus de chances de tenir tout le mois que celles qui tentent le sevrage sans accompagnement.
La durée d’un mois entier n’est pas anodine. Les effets de l’arrêt temporaire de l’alcool se font sentir assez rapidement, avec des bénéfices notamment sur la tension artérielle, la peau et l'estime de soi.
Selon l’Université de Sussex, portant sur l’édition 2018 en Grande-Bretagne :
- 71% des participants disent avoir mieux dormi.
- 70% ont constaté une amélioration de leur santé.
- 67% ont eu le sentiment d’avoir plus d’énergie.
- 58% ont perdu du poids.
Et globalement, six mois plus tard, leur consommation d’alcool a baissé (plus de jours sans consommation d’alcool par mois, moindre nombre de verres les jours où ils en ont consommé, état d’ivresse moins fréquent).
En France à son tour, le défi de janvier donnera lieu cette année à une étude scientifique menée par l’équipe du centre hospitalier Le Vinatier avec le soutien de l’Institut national du cancer. Il permettra d’en savoir plus sur le profil des participants et sur l’impact de la campagne.
Une démarche collective
La campagne et la marque « Dry January® » ont été développées et portées par l’association britannique Alcohol Change UK.
Elle est adaptée en France par un collectif d’associations, de centres hospitaliers, de mutuelles et de certaines villes partenaires.
Les promoteurs du défi de janvier n’ont pas réussi à obtenir le soutien du gouvernement dans cette opération. Ils voient dans ce refus le poids du lobby de l’alcool. L’alcool bénéficie dans l’hexagone d’un enracinement culturel et économique très ancien.
Pourtant, le soutien de l’Etat a fait ses preuves à l’étranger. En 2015, une agence publique britannique avait donné £500.000 à Dry January, ce qui lui avait permis de communiquer dans les médias. Ce coup de pouce avait conduit à un triplement de son nombre d’inscrits par rapport à 2014.
Pour aller plus loin :
Tribune de membres du bureau de la Société française de santé publique appelant l’Etat à soutenir Dry January. 3/01/2024 ; Le Monde.