Des investissements qui pèsent sur la rentabilité
La notoriété de Doctolib a beaucoup augmenté pendant la Covid, mais elle a dû mettre en pause certains projets pendant cette période pour répondre à l’ampleur des besoins.
En 2024, Doctolib a enregistré un revenu annuel récurrent (ARR) de 348 millions d’euros, en hausse de 22,5 % par rapport à 2023. Sur les cinq dernières années, la croissance moyenne annuelle de l’entreprise atteint 40 %.
Mais la société n’est pas encore rentable. Son Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, amortissements et provisions) ajusté s’établit à -53,8 millions d’euros en 2024, une perte néanmoins réduite par rapport à l’année précédente (-87,1 M€).
L’entreprise, qui a réduit son rythme de recrutements, estime pouvoir être rentable cette année.
Un modèle économique centré sur les soignants
Si Doctolib est avant tout connu du grand public pour son application gratuite, utilisée par des millions de patients pour prendre rendez-vous ou transmettre des documents médicaux très facilement, elle tire ses recettes du côté des professionnels de santé.
L’entreprise équipe aujourd’hui quelque 400.000 soignants – médecins, chirurgiens, kinésithérapeutes, dentistes – avec une suite logicielle complète qui facilite leur quotidien.
- Cette activité représente 99 % du chiffre d’affaires.
- Le solde est issu d’initiatives de santé publique comme des campagnes de vaccination.
Pour rappel, à la suite d’une polémique, alors que Doctolib n’était pas bénéficiaire en 2022, 5.700 praticiens d’activités comme la naturopathie, le coaching en développement personnel, ou plus ésotériques, comme les médiums et les magnétiseurs, avaient été exclus de la plateforme.
Des innovations orientées utilisateurs
Pour se différencier et moderniser un marché souvent peu digitalisé, Doctolib a multiplié les innovations : télésecrétariat, gestion administrative, développement de la patientèle, suivi en continu des patients, coordination entre professionnels,… Chaque outil est pensé selon Doctolib pour fluidifier le travail médical et améliorer l’expérience utilisateur.
Doctolib estime même que sa solution permet aux soignants de réduire de moitié leur charge administrative. Ils pourraient ainsi réaliser 20 à 30 % de consultations en plus.
Une expansion européenne encore limitée
Malgré sa position dominante dans l’Hexagone, Doctolib reste un acteur de taille modeste à l’échelle européenne.
La santé reste un secteur hautement réglementé, fragmenté, où les déploiements à grande échelle sont longs et complexes.
Doctolib est aujourd’hui aussi présent dans deux autres pays :
- l’Allemagne (depuis 2016) :17% de ses revenus
- et l’Italie (depuis 2021) : 2,6% de ses revenus
Un développement aussi porté par les acquisitions
Depuis sa création, Doctolib a régulièrement levé des fonds pour financer son expansion. Son dernier tour de table connu, réalisé en 2022, s’élevait à 500 millions d’euros, une levée comprenant une part de dette.
Au total, huit sociétés ont été acquises depuis 2013. En 2024, elle a finalisé deux opérations, l’une dans l’assistance téléphonique pour les soignants, l’autre dans la reconnaissance vocale.
Ces acquisitions visent à :
- enrichir son catalogue de services pour les professionnels de santé.
- s’inscrire dans une logique de consolidation d’un marché encore très éclaté.
De nouveaux axes de développement
Plus de 115 collaborateurs sont dédiés exclusivement à l’IA.
Selon les Echos, Doctolib prévoit ainsi de lancer une dizaine de nouveaux outils cette année en France, parmi lesquels la génération automatique de courriers médicaux ou encore un assistant téléphonique basé sur l’IA.
Dans une démarche de prévention, la société souhaite aussi proposer des contenus médicaux vérifiés, des conseils personnalisés sur le bien-être, ainsi que des rappels adaptés pour le dépistage ou les vaccinations.
Pour aller plus loin :
Le podcast du quotidien économique Les Echos
Archive de l’INA 2016
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/5802016_001_014/doctolib