Lorsque j’étais journaliste à Radio France, je traitais des sujets santé et économie et j’avais fait deux constats. D’une part, sur le terrain je voyais que beaucoup de professionnels de ces secteurs s’exprimaient sur des problématiques qui mêlaient innovation et coordination des soins. Mais chacun travaillait en silo : les chercheurs cherchaient, les éditeurs créaient des logiciels, les professionnels de santé essayaient d’exprimer leurs besoins en la matière, mais personne ne se connaissait vraiment. Bref, quelle que soit la qualité des productions, chacun le faisait dans son coin et personne n’avait l’opportunité d’échanger.
C’était celui du fait que l’émergence du numérique en santé en France suscitait de vrais espoirs et de véritables attentes. Je me suis dit que créer un événement fédérateur autour de l’avenir du numérique en santé, qui rassemblerait toutes les parties prenantes ensemble : chercheurs, patients, professionnels de santé, industriels du numérique, faisait entièrement sens.
Il a fallu qu’ils apprennent à se parler. Mais j’ai pu discuter de mon projet et ainsi obtenir la validation, dans un premier temps, de plusieurs personnalités du territoire du Grand Est. Il faut se rappeler qu’il y a encore 6 ans, on ne parlait que très peu du numérique dans le monde de la santé. Mais je pense qu’aujourd’hui, accéléré par l’épidémie de la Covid, dont l’expression la plus évidente est la téléconsultation, tout le monde s’est rendu compte de son intérêt. Le numérique, appliqué à la santé, est générateur d’énormément d’espoir mais aussi de craintes face à la sécurisation des données de santé et de leur utilisation. Toutes ces réserves, et parfois même ces résistances, sont légitimes.
Il est clair que Dominique Pon, le délégué interministériel du numérique en santé, est un excellent ambassadeur. C’est à la fois un passionné et un homme de terrain, il a une approche concrète. Lui et toute son équipe ont participé à l’élaboration de la stratégie de la Feuille de route du Numérique en santé. Ils sont tous dans la même dynamique, concrète, ce qui est essentiel. Car une des choses que j’ai apprises dans les précédents salons auxquels j’ai participé ou que j’ai organisés, c’est que ces réunions génèrent toujours beaucoup de débats intellectuels, le plus souvent passionnants, mais peinent ensuite à trouver des applications pratiques. L’une des visées de City Healthcare est d’être un salon facilitateur de rencontres et d’échanges mais dont l’objectif est avant tout d’être pragmatique et efficace.
Oui, Gérard Raymond a été président de la Fédération française des diabétiques et, en tant que président de France Assos Santé, il représente aujourd’hui 66 millions de patients-citoyens. Et il est également vice-président du Health Data Hub. C’est donc quelqu’un qui a de solides compétences. Il connaît vraiment bien le secteur. L’Espace Numérique de Santé (ENS), déjà créé à titre expérimental, va être généralisé à l’ensemble du territoire en janvier 2022. À partir de cette date, nous aurons tous un ENS, qui contiendra également notre Dossier Médical Partagé (DMP), ce serpent de mer qui courait depuis une bonne vingtaine d’années. Mais ce dispositif ne pourra fonctionner que si les citoyens y adhèrent et s’en emparent. Car ce sont eux les véritables leviers.
Idéalement, oui, même si je ne sais pas encore quelle forme elle prendra. Mais il est important que nos gouvernants puissent expliciter leur stratégie, élaborée en prenant en compte les réalités de terrain que font remonter les professionnels des territoires.
La stratégie a en effet pour but de les aider. Parce qu’ils sont force de propositions, il faut vraiment intégrer les jeunes dans ces projets.
Nous lançons d’ailleurs cette année les « Tremplins de la e-santé », un concours pour valoriser les solutions innovantes dans nos territoires.
Le Crédit Agricole est notre partenaire et nous sommes ravis que le Village by CA nous accompagne. Cette édition 2021 de notre salon compte 25 start-ups qui pourront ainsi peut-être bénéficier de nouvelles structures d’accompagnement à l’innovation.
Propos recueillis par François PettyCrédit photo : DR