Prévention, enseignement, offre de soins et recherche en cancérologie. Ainsi pourrait se présenter la quadruple casquette d’Unicancer, une fédération de Centres entièrement dédiés à la lutte contre le cancer (CLCC) qui s’appuie sur l’engagement de 22 000 collaborateurs. Avec une activité 100 % publique et accessible à tous partout en France, Unicancer offre une prise en charge complète et pluridisciplinaire, tout en militant pour favoriser un accès aux soins et à l’innovation. Chaque année, ce ne sont pas moins de 540 000 patients qui profitent de parcours de soins qualitatifs et personnalisés, développaient en substance, le Pr Steven Le Gouil, directeur général de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie, et le directeur général adjoint de l’Institut de cancérologie Strasbourg Europe, Nicolas Salvi (ICANS), à l’occasion d’une Agora de présentation sur le salon SantExpo qui se tenait à Paris la semaine dernière. Les CLCC sont un modèle de prise en charge qui fêtera bientôt ses quatre-vingts ans. En effet, le statut de ces Centres de lutte contre le cancer a été créé en 1945. Aujourd’hui, on compte 18 CLCC Espic (établissement de santé privé d’intérêt collectif), à but non lucratif, exerçant une mission 100 % publique (soins, recherche, enseignement) et spécialisés en cancérologie, représentés par la fédération UNICANCER.
Binôme médico-administratif
Leur but et mode de fonctionnement ? Privilégier une approche globale et pluridisciplinaire des prises en charge, articulée autour d’un continuum soins-recherche, en s’appuyant sur un positionnement singulier dans l’offre de soin nationale. La gouvernance de tous les CLCC repose sur un binôme médico-administratif, basé sur une véritable complémentarité des approches et des compétences. À charge pour le médecin de développer une vision scientifique et médicale, en association avec le directeur général adjoint qui est, lui, en charge du pilotage des directions fonctionnelles, ressources humaines, des finances ou encore de la communication. Un duo qui fait des CLCC des modèles atypiques et originaux en France – mais qui existent à l’étranger (par exemple, l’Hôpital John Hopkins de Baltimore ou la Mayo Clinic au Minnesota), et qui reproduisent le schéma des Comprehensive Cancer Centers – c’est-à-dire des hôpitaux 100 % dédiés aux cancers réalisant des missions de soins et de recherche.
Portrait-robot – modus operandi
Ce binôme fonctionne particulièrement grâce aux caractéristiques propres aux CLCC. Les établissements sont spécialisés dans la lutte contre le cancer : le collectif de travail est uni pour une même cause. La ligne hiérarchique entre le DG et le DGA est clairement établie. Le médecin est dirigeant de l’établissement. Critère fondamental : les établissements sont à taille humaine (autour de 1200 salariés en moyenne). En matière de gouvernance, les processus de délibération et de décisions sont courts. Un modus operandi qui a fait ses preuves en matière d’agilité et d’efficacité. En outre, les CLCC jouent la carte de la délégation de gestion aux départements et services médicaux avec des process formalisés d’évaluation des résultats. Cette structuration permet aux paramédicaux, représentés par la direction des soins, de jouer un rôle majeur dans la gouvernance. Les patients sont également impliqués et participent par ces évaluations à améliorer les parcours de soins. Ce n’est donc pas une surprise si le classement international de référence dans le domaine de la recherche a récemment classé douze chercheurs exerçant en CLCC « highly cited researchers » parmi les 134 chercheurs français cités en exemple, toutes disciplines confondues.
En conclusion, même s’il n’est pas forcément transposable à l’ensemble des établissements de santé, le schéma original des CLCC peut être une source de réflexion et d’inspiration intéressante, de par l’association des soignants aux processus décisionnels.