Préparer l’avenir. Tel était en substance l’état d’esprit des pharmaciens qui avaient fait le déplacement à Lyon pour le congrès annuel de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). À l’instar du président de la FSPF, Philippe Besset, tous entendaient mettre en avant le rôle joué par les officinaux pendant la crise de la Covid pour imaginer un nouvel avenir pour la profession.
« Je suis très fière de ce que tous les acteurs de la chaîne pharmaceutique ont accompli quotidiennement pendant ces dix-huit mois de crise » a d’emblée déclaré la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens lors de la table ronde sur « les leçons à tirer de la crise sanitaire et les évolutions pour construire la pharmacie de demain ».
Profession réactive et adaptable
Et la secrétaire générale de la FSPF, Jocelyne Wittevrongel de détailler : « En faisant les tests antigéniques, en aidant à monter des centres de vaccination, en vaccinant nous avons prouvé que notre profession était très réactive et très adaptable ».
Un satisfecit partagé par Alain Grollaud, président de la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies, Fédergy. « La Covid a démontré l’importance de la pharmacie de proximité et le rôle de professionnel de santé que les pharmaciens d’officine devaient jouer au quotidien » a ainsi martelé le président du syndicat qui fédère onze groupements et un quart des 20 900 officines françaises.
Nouvelles missions dans la convention
Fort de ce bilan particulièrement positif, les pharmaciens entendent pousser leur avantage. L’ancien président du groupement pharmaceutique de l’Union européenne, Duarte Santos, considère par exemple que les pharmaciens pourraient se voir confier « de nouvelles responsabilités telles que la détection précoce de maladies et ainsi contribuer à réduire la pression que cette crise va faire peser sur tout le système de santé ».
À charge pour l’Assurance maladie d’« inscrire cette évolution dans la nouvelle convention pharmaceutique », ajoute Jocelyne Wittevrongel. En clair d’y faire figurer des missions essentielles comme le maintien à domicile (MAD) ou encore la gestion des sorties hospitalières afin d’éviter toute rupture dans le parcours de soins et d’accompagner au mieux les patients.
L’interprofessionnalité au cœur des futures négociations conventionnelles
Une évolution qui nécessitera par ailleurs de progresser sur la notion même d’interprofessionnalité. Bien que favorables au principe, les pharmaciens rejettent en effet l’idée de contraintes administratives disproportionnées induites par le concept de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Le président de la FSPF, Philippe Besset, a ainsi demandé au directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), Thomas Fatome, de reporter de deux ans l’entrée des pharmaciens dans l’exercice coordonné afin de prendre en compte l’impact de la Covid sur les retards dans la création de CPTS.
Vers une nouvelle rémunération
Une demande à laquelle n’a pas répondu le directeur de la Cnam, puisque les négociations conventionnelles doivent débuter en novembre prochain. Il y a donc fort à parier que les discussions se concentreront alors sur l’avenant 21 qui, en l’état, prévoit de mettre en place un système de bonus-malus par le biais d’une ROSP (rémunération sur objectif de santé publique) structure. Soit près de 4000 euros en moyenne pour les bons élèves qui se seraient inscrits dans l’exercice coordonné d’ici au 31 décembre 2022.
Mais la future convention ne saurait se limiter au seul exercice coordonné. Et Philippe Besset l’a fait savoir à Thomas Fatome. Selon le président de la FSPF, le concept d’éducation à la santé pourrait parfaitement donner lieu à un engagement rémunéré des pharmaciens différent du paiement à l’acte ou de la ROSP.