La 130ème édition du Congrès de la Société française d’ophtalmologie (SFO) s’est tenue au Palais des congrès de Paris début mai. Au programme ? Cinq conférences-débats, deux enseignements-actualités, la chirurgie en situation du direct, des cas cliniques, des wetlabs (kit servant à pratiquer toutes les phases d’une chirurgie de la cataracte sous microscope), des sessions de bonnes pratiques et de gestion de complications chirurgicales, trois lectures de conférenciers invités étrangers, une session de controverses et des modules de développement professionnel continu (DPC). Concrètement, « cela représente au total 454 sessions, 965 abstracts soumis et 50 films pour 678 orateurs, 4 770 congressistes et plus de 120 participants aux deux sessions de DPC. La SFO compte à ce jour 6 030 cotisants. », détaille le Pr Marc Labetoulle, Secrétaire général de la SFO.
Rapport 2024 sur les infections oculaires
Mais c’est la présentation du très attendu Rapport SFO 2024 sur les infections oculaires qui a certainement constitué l’événement phare du Congrès. Cet ouvrage de mise au point et de recherche représente plusieurs années de travail et permet de présenter l’état de l’art sur une pathologie différente chaque année. Cette édition 2024, coordonnée par les Professeurs Bahram Bodaghi, Tristan Bourcier et Marc Labetoulle, était donc consacrée aux infections oculaires. Pour mémoire, les infections oculaires se différencient en fonction de leur localisation. Elles peuvent toucher toutes les tuniques de l’œil, précise le nouveau document de référence :
- Les paupières (blépharite)
- Les voies lacrymales (dacrocystite ou dacryoadénite)
- La conjonctive (conjonctivite)
- La cornée (kératite)
- L’iris (uvéite antérieure)
- Le vitré (hyalite)
- La choroïde (choroïdite)
- La rétine (rétinite)
- Le nerf optique (papillite)
- La sclère (sclérite)
« Celles qui touchent les tissus directement impliqués dans la vision, cornée, vitré, rétine et nerf optique, sont potentiellement les plus graves car elles peuvent compromettre définitivement la fonction visuelle. Elles touchent tous les âges depuis la conception avec des séquelles potentiellement définitives sur le plan visuel », rappellent les auteurs du rapport.
Coopération accrue des professionnels
Le grand rendez-vous annuel des professionnels de la santé oculaire aura également été l’occasion pour le Dr Vincent Dedes, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), de dresser l’état des lieux des soins ophtalmologiques sur le territoire. Le chef de file du syndicat se réjouit de la diminution continue du délai médian d’attente pour l’obtention d’un rendez-vous ophtalmologique pour les patients. Il a en effet baissé de 58% en cinq ans « et atteint 24 jours par téléphone et 19 jours », pour un simple contrôle. Et il est également possible d’obtenir un rendez-vous « en moins de 24 heures dans 9 des 10 plus grandes métropoles françaises », poursuit le Dr Dedes. De bons résultats principalement dus à une meilleure organisation des cabinets d’ophtalmologie et à la coopération avec les autres professionnels de la santé visuelle (orthoptistes et opticiens).
Inquiétude pour l’avenir
Pour autant, le SNOF tire la sonnette d’alarme. Selon ses projections, les besoins en soins ophtalmologiques de la population française (38 millions d’actes en 2020) devraient augmenter d’un tiers d’ici à 2025 pour atteindre 43 millions d’actes. Tandis que dans le même temps, le nombre de médecins ophtalmologistes diminue. L’effectif est aujourd’hui d’environ 5 500, mais si rien n’est fait pour favoriser leur renouvellement, « il n’y en aura plus que 3 400 en 2025 », alerte le SNOF qui appelle les pouvoirs publics à « doubler le flux de formation à l’ophtalmologie pour parvenir à ce que 3% des internes en médecine soit formés à cette spécialité d’ici 2025. »