Pr Benoît Veber : La réforme de l’internat, dite R3C, est entrée dans une phase de maturité mais fait face à une donne nouvelle, la 4ème année de médecine générale. Elle est organisée pour les internes qui sont entrés dans la filière de formation en novembre 2023. Ils seront donc concernés dans trois ans et bénéficieront d’un soutien très fort de la Conférence des doyens. Cette 4ème année, pédagogiquement parlant, est une avancée importante qui permettra aux internes de disposer d’un semestre libre et ainsi de « colorer » leur formation avec un projet professionnel dans lequel ils souhaiteraient acquérir une compétence optimisée. Il reste à l’organiser, à trouver les lieux de stage et à délivrer les agréments. Tout cela se fait en concertation avec les départements universitaires de médecine générale.
Pr Benoît Veber : Je pense que cela va dépendre des spécialités. Nous avons des besoins importants sur des cibles comme, par exemple, le prélèvement d’organes et la greffe. On sait qu’un certain nombre de patients ne peuvent être greffés faute d’accès à la greffe d’organe. Les équipes médicales de prélèvement sont parfaitement prêtes à travailler avec des IPA dans ce domaine afin d’optimiser l’accès à ces thérapeutiques.
L’autre cible pourrait être celle du grand âge. Si nous avions eu des IPA spécialisées sur cette thématique pendant le Covid, je pense que cela aurait été d’une grande utilité pour accompagner les personnes âgées dans les maisons de retraite et les ehpad. Les gériatres sont tout à fait prêts à travailler avec des IPA pour aider à mieux mailler le territoire avec des équipes mobiles médicales.
Quant au champ du premier recours, la médecine générale exprime des avis divergents sur la place à accorder aux IPA. Il faut avancer en trouvant un consensus professionnel.
Pr Benoît Veber : Il y a deux modalités et demie possibles, si je puis dire. La première, c’est le droit au remords. Un interne qui regrette son choix initial de spécialité peut se réorienter en choisissant une spécialité à laquelle il aurait eu accès avec son rang de classement lors de son premier choix. C’est faisable jusqu’au 4ème semestre inclus. En règle générale, les enseignants sont très ouverts à ces demandes. L’interne pourra ainsi discuter avec son nouveau coordinateur des semestres qu’il aura à faire et qui tiennent compte du début de son premier parcours.
Pr Benoît Veber : Elle est toute récente. C’est la possibilité d’effectuer un deuxième DES (Diplôme d’études spécialisées) après l’obtention du premier. Cela peut se faire à partir de trois ans d’exercice du premier DES. Cela a été conçu avant tout pour les accidents de la vie. Prenons l’exemple d’un chirurgien qui a eu un accident et qui ne peut plus opérer parce que sa main ne fonctionne plus. Il garde néanmoins des connaissances médicales et on va l’aider à se reformer à un deuxième DES compatible avec sa difficulté. Pour l’instant ces demandes sont encore en tout petit nombre.
Enfin, et c’est la voix intermédiaire, il existe aussi la possibilité de faire une deuxième option ou FST (Formation Spécialisée Transversale) au bout d’un an d’exercice après la fin de son premier DES. Un cardiologue par exemple qui a fait le DES de cardiologie et qui souhaiterait devenir cardiologue interventionnel pourra au bout d’un an postuler pour intégrer cette option et faire cette formation. Le nombre de postes ouverts chaque année est fonction des besoins en professionnels propres à chaque discipline. Ce sont des évolutions de carrière intéressantes qui ouvrent des champs de modification ou d’optimisation de la pratique.
Pr Benoît Veber : Malheureusement oui. J’ai été alerté par un médecin qui représente l’association des médecins israélites de France, m’informant d’actes antisémites dans nos facultés et du fait que certains étudiants craignaient d’en parler. J’ai mené une enquête auprès des doyens. Sur les 34 facs, 4 m’ont signalé des actes antisémites depuis le mois d’Octobre. La Conférence des doyens se positionne très fortement contre tout acte antisémite, d’exclusion et de violence, quels que soient la religion, le sexe ou la couleur de peau de la personne concernée. Nos facultés sont des lieux tournés vers l’humain. Si nous ne sommes pas capables d’être bienveillants entre nous, je ne vois pas comment nous pourrions l’être envers nos patients.
Propos recueillis par Pierre Nusswitz
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