Il a débuté ses premiers tours de roue normands le 5 octobre 2020. Son nom ? Le Médicobus. Et les patients de l’arrondissement de Mortagne-au Perche l’ont, depuis, déjà adopté. Il faut dire que ce dispositif était très attendu dans ce territoire où près d’un habitant sur neuf n’a plus de médecin traitant. Soit quelque dix-mille personnes. Que trouve-t-on à bord de cette « camionnette médicale », conçue, par la société Dok’Ici, comme une salle de consultation ? « C’est simple, nous avons tout ce qui est présent dans un cabinet de médecine générale classique », explique le Dr Jean-Michel Gal, président du Conseil départemental de l’Ordre de l’Orne, co-réalisateur de ce projet pour lequel tous les acteurs de santé du territoire se sont attelés à la tâche : Agence régionale de santé, préfecture, Union régionale des médecins libéraux, Assurance maladie et Ordre des médecins, donc. Avec pour objectif commun de remporter la bataille contre les inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé dans leur région.

Le médicobus - crédit photo : Dok'ici
L’interdit de la médecine foraine
«En matière de consultations itinérantes, tous les professionnels du secteur de la santé ont spontanément en tête le principe de l’interdiction de la médecine foraine, clairement exprimée dans le code de déontologie médicale. Ce qui est une bonne chose », analyse le Dr Gal. Qui poursuit « Mais le code de santé publique peut autoriser des dérogations, notamment si, je cite, « les conditions démographiques (d’accès aux soins) l’exigent ». Pour ce faire, nous avons ainsi créé une Communauté Professionnelle Territoriale de Santé ad hoc », développe le Dr Gal.
Comment éviter la file d’attente
A l’arrivée, ils sont aujourd’hui onze médecins généralistes, avec deux assistantes, à participer à l’aventure. Sept praticiens libéraux, accompagnés de quatre médecins en retraite qui ont accepté de donner un peu de leur temps. Le Médicobus sillonne ainsi les villages de l’est de l’Orne dans le secteur de Mortagne-au-Perche, permettant à une population de 90.000 habitants d’avoir désormais un accès à une offre de soins globale. Avec recours possible aux spécialistes via la téléconsultation. Et des règles claires. Car on ne se présente pas à l’improviste devant le bus médical. Avant toute chose, il est préférable de contacter soit un professionnel de santé du village, comme le pharmacien ou une infirmière, qui transmettront les données du patient à une plateforme commune pour une prise de rendez-vous, soit de composer un numéro dédié aux patients qui seront mis en contact avec la cellule de Soins Non Programmés. Ce n’est qu’alors que ce dernier sera aiguillé vers le Médicobus s’il est à proximité (les horaires et les jours de passage sont consultables sur internet). Ou vers un cabinet médical partenaire ou une cabine de téléconsultation des cinq Pôles de Santé Libéral Ambulatoire (PSLA) du territoire si le Médicobus n’est pas « sur site » ce jour-là.