Enquêtes sur les décès maternels : des chiffres stables
Les maladies cardiovasculaires et les suicides sont désormais les premières causes de morts maternelles. C’est ce que révèle la dernière enquête publiée par l’Inserm et Santé Publique France. La majorité des décès maternels étant évitables, les auteurs du rapport proposent plusieurs améliorations du parcours de soin.
Il s’agit de la 6e Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM). Sur la période 2013-2015, elle comptabilise 262 décès maternels (survenus au cours de la grossesse ou jusqu’à un an après l’accouchement), soit un ratio de mortalité maternelle de 10,8 décès pour 100 000 naissances vivantes. Ce ratio est stable depuis 2010, et situé dans la moyenne européenne.
Plus d’un décès maternel sur deux pourrait être évité
Parmi les enseignements majeurs de l’enquête, outre le fait que les maladies cardiovasculaires et les suicides arrivent désormais en tête des causes, il faut noter que les hémorragies obstétricales, pour la première fois, ne sont plus la première cause de mortalité maternelle. Leur fréquence a été divisée par 2 en 15 ans, grâce à une meilleure prise en charge par la communauté obstétricale.
L’enquête souligne que 58% des décès maternels sont considérés comme « évitables » ou « peut-être évitables » grâce à l’amélioration de la prévention, des soins et de l’organisation des soins.

Les principales causes de décès :
- 14% maladies cardiovasculaires
- 13% suicide
- 11% embolies amniotiques
- 9% thrombo-embolies veineuses
- 8% hémorragies obstétricales
Quant aux inégalités de mortalité maternelle, elles restent inchangées. L’âge et l’obésité sont des facteurs de risques, tout le comme le lieu de résidence (le ratio est plus élevé dans les DOM et en Ile-de-France), le pays de naissance (la surmortalité est particulièrement marquée pour les femmes nées en Afrique subsaharienne) et le contexte socio-économique.
Des pistes pour éviter des décès maternels
Constitué de gynécologues-obstétriciens, anesthésistes-réanimateurs, sages-femmes, spécialistes de médecine interne et épidémiologistes, le Comité national d’experts sur la mortalité maternelle a élaboré de nombreuses pistes de prévention, notamment à destination des professionnels de santé. En voici quelques-uns :
- Sortir de la sphère obstétricale lors de l’examen de la femme enceinte : auscultation cardiaque, examen mammaire, recherche d’antécédents psychiatriques et d’addictologies, dépistage d’une vulnérabilité psychosociale…
- Renouveler l’interrogatoire sur la santé mentale tout au long du suivi prénatal et en post-partum.
- Prendre en compte une dyspnée récente, qui s’aggrave, tout particulièrement pendant la fin de la grossesse et en post-partum. Elle doit évoquer une complication cardiaque.
- Retarder la sortie de suites de couches en cas de doute sur un trouble anxieux ou dépressif et organiser un suivi à domicile, en lien avec le médecin traitant.
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