Avec 6 millions de patients sans médecin traitant, dont 620 000 personnes en affection de longue durée (ALD), de nouvelles organisations ont été mises en place, notamment pour les professionnels infirmiers : les protocoles de coopération et la pratique avancée par exemple. Mais ces évolutions peinent à se déployer.
Dans un contexte d’extrême tension du système de santé, une mission a été confiée au printemps 2022 à l’Inspection ge?ne?rale des affaires sociales (IGAS) et a? l’Inspection ge?ne?rale de l’e?ducation, du sport et de la recherche (IGE?SR) pour analyser la profession infirmie?re et élaborer des orientations d’e?volution de la formation et de l’exercice professionnel.
Dans son rapport, la mission liste plusieurs recommandations, dont la conduite d’une concertation sur l’élargissement du champ de compétences infirmier. Parmi les missions qui pourraient être élargies à la profession infirmière figurent la prévention et les soins de proximité.
Prévention auprès de certaines populations
« Dans le champ libe?ral, le fait pour l’infirmier de se rendre au domicile en fait un acteur potentiellement central de la pre?vention, notamment des patients a?ge?s ou souffrant de maladies chroniques », explique la mission.
Des thèmes prioritaires d’intervention des infirmiers sont cités dans le rapport, comme le dépistage organisé du cancer. « Il pourrait s’agir de la remise par l’infirmier a? la personne du kit de de?pistage du cancer colorectal et, plus globalement, la re?alisation d’actions dites d’« aller vers » les populations les plus e?loigne?es des politiques de de?pistage afin de les sensibiliser a? l’importance de re?aliser les tests re?gulie?rement, voire de les appuyer dans la prise de rendez-vous (mammographie par exemple). »
Soins de proximité
En s’appuyant sur l’analyse dans d’autres pays, la mission évoque la possibilité de faire évoluer le champ de la profession infirmière en France vers « une mission globale de soins de proximité a? destination de certains publics (personnes a?ge?es en perte d’autonomie) ou dans un domaine particulier (traitement et suivi des plaies simples). » Des soins de proximité sont pratiquées par les infirmiers en Espagne et au Royaume-Uni.
Si ces évolutions devaient se concrétiser, il faudra trancher la question de la prescription. Au-delà des actes ponctuels déjà reconnus, celle-ci serait délimitée en cohérence avec les missions prioritaires des infirmiers.
Il se posera aussi la question de la consultation. Le rapport propose qu’elle concerne des pathologies précises et qu’elle intervienne dans le cadre de dispositifs coordonnés afin de garantir une bonne articulation avec les me?decins. Quant à la consultation en acce?s direct, la mission précise qu’elle serait re?serve?e aux infirmiers en pratique avancée.